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Que se passe-t-il au Congrès américain ?

Stéphanie Maenhout et David Cioponea pour le GT économie des Jeunes MR

Si vous avez regardé les infos dernièrement, un grand titre venant d’outre-atlantique a sûrement attiré votre attention ; un «shutdown» a été évité. Mais de quoi parle-t-on ?

Ce phénomène n’est pas inédit, loin de là. Le plus long «shutdown» a été enregistré sous l’administration Trump durant l’hiver 2018-2019 amputant plus de 3 milliards de dollars au PIB américain !

Mais qu’est-ce que c’est le  « shutdown » ?

Le «shutdown» est l’arrêt des financements jugés non-essentiels du gouvernement américain. Des millions d’agents fédéraux ou encore de militaires seraient touchés par cette mesure en ne recevant plus leurs salaires. D’autres professions seraient touchées : le contrôle aérien, les soins de santé, la protection des frontières et bien d’autres !

Comment éviter cela ?

À vrai dire, la solution n’est pas un problème de lois, bien au contraire. Aux Etats-Unis, la constitution prévoit que le Congrès américain vote le budget au bout de longues discussions. Chaque exercice fiscal est rédigé par la Maison Blanche pour le 1er octobre (dans ce cas-ci pour l’année 2024). Cependant, l’annonce de celle-ci se fait bien plus tôt, Joe Biden l’avait, en effet, annoncée le 9 mars à Philadelphie.

De mars à juin, plus de douze sous-commissions examinent cela en décidant des montants alloués à chaque matière gouvernementale. Ces commissions examinent également les demandes de l’exécutif, dans ce cas-ci, les fonds alloués à la guerre en Ukraine notamment. Le problème arrive souvent quand le parti du président américain n’est pas celui de la majorité au Congrès.

La Tribune, rappelle que le dernier « shutdown » a mis 850.000 sur 2.1 millions d’employés fédéraux au chômage technique en 2013 et 2018. Cette paralysie provient des différences entre d’une part, l’administration Biden et d’autre part, de la majorité républicaine au Congrès. Ces derniers ont donc l’occasion, via le budget notamment, de bloquer des choix politiques jugés inacceptables. Un des cas plus connu est survenu quand le Congrès, toujours sous majorité républicaine à cette époque, avait bloqué un projet de réforme en matière d’assurance-maladie sous l’administration Obama.

Dans ce cas-ci, le « shutdown » a été utilisé comme une « arme » idéologique pour marquer l’opinion publique en période pré-électorale. 

En tout dernière minute, rebondissement ! 3 heures avant le début du « shutdown », Kevin McCarthy (Speaker à la Chambre des représentants) annonce un compromis passé au Sénat avec le soutien suffisant des républicains et des démocrates pour faire passer l’accord. Ce qui a eu pour effet la réaction furieuse de Matt Gaetz car selon lui, il est inacceptable de travailler avec les démocrates. Le « call to vacate » (en français : appel à quitter), négocié avec McCarthy, aura donc permis de destituer le speaker de la Chambre.

Comme pertes de ce compromis, la Maison Blanche a notamment accepté de renoncer aux 24 milliards de dollars de financement à l’Ukraine issus du budget américain.

Les répercussions pourraient donc dépasser les frontières américaines, allant jusqu’en… Ukraine !

La Maison Blanche souhaitait une enveloppe de plus de 24 milliards de dollars d’aide militaire et humanitaire en direction de Kiev mais le Sénat souhaite bloquer cela à 6 milliards. Les républicains sont beaucoup plus enclins à baisser les aides allouées à la guerre en Ukraine et à se focaliser sur les projets au sein-même du pays. La Maison Blanche compte tout de même arriver à ces 24 milliards cités plus haut à travers une « loi séparée ».

Quelles sont les conséquences du shutdown pour l’économie américaine ? Est-ce grave ?

Plusieurs personnalités ont donné leur avis en tant qu’experts de leurs secteurs en rapport avec le « shutdown » :

La porte-parole, Julie Kozack, du Fonds monétaire international (FMI) critique cette situation « comme un risque évitable pour l’économie américaine ». « Nous encourageons les parties à se réunir pour parvenir à un consensus sur les moyens de financer le gouvernement américain »,

De plus, le chef économiste Gregory Daco travaillant pour EY (Ernst & Young) dit « chaque semaine de paralysie budgétaire de l’administration coûtera 6 milliards de dollars à l’économie américaine ».

Ce « shutdown », en l’absence de fonctionnaires, pourrait avoir des répercussions sur les données économiques telles que l’inflation, le chômage ou encore le PIB qui sont des données qui ne seront pas publiées et seront alors inconnues. Ces données jugées essentielles à la banque centrale permettent de savoir s’il faut poursuivre le relèvement des taux d’intérêt pour contenir la hausse des prix à la consommation.

Enfin, l’agence Moody’s s’est aussi exprimée et maintient les propos suivants qui en cas d’absence d’accord viendraient « souligner la faiblesse de la gouvernance et des institutions aux États-Unis en matière de politique budgétaire ». Elle aurait « un effet négatif sur la dette souveraine » américaine. Ces propos sont éloquents et translucides en ce qui concerne la situation puisqu’elle est la dernière agence à accorder la note maximale, c’est-à-dire AAA à la dette américaine.

La destitution du speaker de la Chambre des représentants (qui est une première) peut apporter une réflexion plus large, une crise politique sans précédent viendrait-elle de démarrer au pays de l’oncle Sam ? Il faut rappeler que le prochain vote aura lieu le 11/10 avec de nombreuses répercussions possibles.

Affaire à suivre !

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