La crise de la surpopulation carcérale en Belgique atteint un seuil critique, mettant en péril la sécurité des agents pénitentiaires, des détenus et, plus largement, de la société. Avec plus de 13 000 détenus pour une capacité de 11 000 places, la situation est devenue intenable[1]. En 2023, la surpopulation carcérale se chiffrait à 12,7 %, avec 11 486,5 détenus pour 10 195,5 places disponibles[2]. Face à cette urgence, il est primordial que les autorités compétentes s’engagent pour des réformes structurelles garantissant à la fois la sécurité et l’efficacité du système judiciaire[3].
Un système pénitentiaire sous tension
Les prisons belges sont saturées, entraînant une montée des violences. Les agressions contre les agents pénitentiaires se multiplient, exacerbées par la présence de criminels organisés qui poursuivent leurs activités derrière les barreaux. Résultat : un taux d’absentéisme élevé parmi le personnel, un climat de peur permanent et une gestion carcérale de plus en plus difficile[4].
Un témoignage récent d’un agent pénitentiaire à la prison de Lantin illustre bien cette situation. [6]Lors d’une émeute, plusieurs détenus ont agressé des agents avec des coups de poing, de pied, de pierre et de boîte de conserve. Trois agents ont été transportés à l’hôpital suite à ces violences.
Mais au-delà des violences, cette situation a également des conséquences sociales préoccupantes. L’accès aux soins médicaux et psychologiques devient limité, les programmes de réinsertion sont insuffisants et la promiscuité favorise la récidive plutôt que la réhabilitation[7]. De plus, les infrastructures, souvent vétustes, ne permettent pas d’assurer des conditions de détention dignes et conformes aux normes internationales.[8]
Quelles solutions pour une justice efficace et humaine ?
Face à cette impasse, plusieurs pistes de réforme sont sur la table. Parmi elles, le retour à une exécution des courtes peines sous surveillance électronique est envisagé. Cette mesure permettrait d’éviter l’engorgement des prisons pour les condamnés à des peines de moins de trois ans, tout en assurant un suivi à domicile. Toutefois, pour être efficace, ce dispositif doit être accompagné de moyens de contrôle renforcés afin d’éviter les abus.
Autre piste : la libération anticipée six mois avant la fin de la peine pour certains détenus, afin de réduire la surpopulation carcérale. Si cette mesure peut apporter un soulagement temporaire, elle ne saurait remplacer une réforme en profondeur du système pénitentiaire. Il est nécessaire de repenser la politique des peines pour mieux distinguer les profils des détenus et privilégier des alternatives à l’incarcération pour les délits mineurs, tout en maintenant une réponse ferme face aux crimes graves.
Par ailleurs, l’investissement dans la construction de nouvelles infrastructures pénitentiaires, couplé à un renforcement des dispositifs de réinsertion, apparaît comme une nécessité. Offrir des formations professionnelles et un encadrement adéquat aux détenus permettrait de favoriser leur réintégration et de lutter contre la récidive.
Un équilibre entre fermeté et humanité
Nous avons un rôle clé à jouer dans ce débat. Une politique pénitentiaire équilibrée doit allier fermeté et humanité : fermeté pour assurer la sécurité de tous et garantir l’application des peines, humanité pour donner une réelle chance de réhabilitation aux détenus et éviter une marginalisation définitive. Ce défi ne peut être relevé qu’à travers une volonté politique forte, une coopération entre les différents acteurs de la justice et des investissements conséquents pour un système pénal plus efficace et plus juste.
Références
[1] DG Établissements pénitentiaires | Service public federal Justice
[2] Population carcérale – OIP Belgique
[3] Chiffres annuels 2023 – justice.belgium.be
[4] Analyse : La surpopulation carcérale en Belgique – cjg.be
[5]http://www.criminologie.com/article/surpopulation-des-prisons
[6]https://www.lacsc.be/page-dactualites/2020/04/03/emeute-%C3%A0-lantin-t%C3%A9moignage-d’un-agent