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Violence policière : entre réalité, perceptions et responsabilités

La perception de la police reste globalement stable, bien que la présence des forces de l’ordre dans les rues suscite des insatisfactions, en particulier en Wallonie et à Bruxelles. Parallèlement, le sentiment d’insécurité ne cesse de croître, notamment dans les grandes villes. Dans ce contexte, les violences policières font débat, avec des condamnations récentes visant la zone de Bruxelles-Capitale-Ixelles et remettant en question certaines pratiques jugées illégales.

Selon un rapport de 2021 qui révèle que 67 % de la population se déclare satisfaite du travail effectué par leur zone de police, tandis que seulement 35 % expriment une satisfaction quant à la présence de la police dans les rues. À noter que les Wallons et les Bruxellois sont les moins satisfaits. Ce chiffre, relativement bas, pourrait exprimer un malaise de la population.

En effet, ce même rapport indique que le sentiment de la population à l’égard de l’insécurité est grandissant. Encore une fois, la population en Wallonie se sent plus en insécurité, c’est également le cas dans les grandes villes (plus de 15 % des sondés) [1]

Récemment, le syndicat de la fonction publique (CGSP) tirait la sonnette d’alarme concernant les violences policières[2]. Le syndicat vise la zone de Bruxelles-Capitale-Ixelles, une zone de police déjà visée par le passé, notamment lors de la venue de Jordan Bardella à Bruxelles en 2024, mais surtout visée pour son extrême violence durant la manifestation du 13 janvier 2025 contre le gouvernement Arizona[3].

Ironie de l’histoire, cette même zone de police a été condamnée pour des faits de violences sur onze jeunes, l’État belge et le bourgmestre ont également été reconnus coupables. Les trois ont été jugés au civil.[4] Le jugement soulignait l’illégalité de certaines pratiques, notamment l’utilisation de la technique de la nasse (encerclement de la foule), qui a d’ailleurs été jugée illégale par la CEDH[5].

Une question légitime se pose pour le citoyen : pourquoi des violences policières se produisent-elles, alors même que les manifestations sont souvent pacifiques et encadrées ?  Cela signifie-t-il que la violence est inhérente à la police ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ces violences.

La police, en tant que représentant de l’État, détient le monopole de la violence légitime, et cette responsabilité est encadrée de manière rigoureuse par la loi. Cependant, lorsqu’un policier est impliqué dans un acte de violence, cela pourrait-il être lié à l’exposition à des situations à risque, au stress et à la gestion de foules, qui le confrontent plus fréquemment à la violence ?

Ensuite, est-ce que le policier lui-même ne subit pas la violence à son égard ? Depuis 2018, sept policiers ont perdu la vie dans l’exercice de leur fonction, cinq d’une manière criminelle[6]. La peur de perdre la vie pousse-t-elle parfois les policiers à user de violence, soit pour se protéger, soit pour protéger ses collègues ?

Enfin, n’y a-t-il pas un ensauvagement de la société ? Tout citoyen a pu prendre connaissance des faits d’extrêmes violences dans la capitale [7], mais également dans toutes les sphères de la société ; celui qui y est exposé en premier, bien souvent, est un policier. 

Dans un contexte où la police manque de plus en plus d’agents, de structures et de reconnaissance, il est essentiel de comprendre les causes de la violence qu’elle peut parfois exercer. Il ne faut pas oublier que ce sont eux qui nous protègent des dérives et des actes violents de la société.

Cependant, il est important de se rappeler qu’après son service, un policier redevient un citoyen ordinaire, portant la responsabilité de sa fonction. Il appartient également au monde politique de légiférer pour améliorer les conditions et la formation des forces de l’ordre, tout en assurant leur protection. Toutefois, il est impératif d’écarter les éléments les plus violents, qui nuisent à l’image de la police, et veiller à ce qu’ils n’oublient pas leur mission principale : Servir et protéger les citoyens.

Les violences policières sont-elles un mythe ou une réalité ?  Il est indéniable que certains agents abusent de leur pouvoir, c’est pourquoi il est de notre devoir de reconnaître les erreurs, et lorsqu’il y a abus, la justice doit agir rapidement et efficacement pour traiter ceux qui ont enfreint la loi. Mais il est aussi important d’affirmer notre soutien envers nos policiers, car ce sont eux qui assurent notre sécurité.

 

 

[1] Pour plus d’informations, il est possible de consulter le moniteur de sécurité, l’édition 2025 paraitra au premier semestre 2025, pour consulter celui de 2021, https://www.politie.be/statistieken/sites/statspol/files/statistics_files_upload/Veiligheidsmonitor%20-%20Moniteur%20de%20S%C3%A9curit%C3%A9%202021/VMS%202021/VMS_2021_fr/01_F%C3%A9d%C3%A9ral/02_Tendances/Re%CC%81sume%CC%81%20des%20grandes%20tendances%20du%20Moniteur%20de%20se%CC%81curite%CC%81%202021.pdf?utm_source=chatgpt.com

[2] https://www.rtl.be/actu/belgique/societe/un-syndicat-de-police-denonce-les-violences-policieres-cest-souvent-les-memes/2025-03-28/article/744232

[3] https://www.rtbf.be/article/violences-policieres-un-syndicat-de-police-denonce-l-impunite-dont-beneficieraient-certains-agents-de-la-zone-bruxelles-capitale-ixelles-11524261

[4] https://www.rtbf.be/article/violences-policieres-la-condamnation-historique-de-l-etat-belge-et-de-la-police-apportera-t-elle-du-changement-11521479

[5] https://www.bbc.com/news/uk-17378700

[6] https://www.policememorial.be/list_policiers.php

[7] https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2025/02/17/violence-liee-a-la-drogue-quintin-tiendra-une-reunion-avec-la/

 


Jérémy DE BLOCK
Délégué Justice, sécurité, défense, protection des libertés individuelles

 

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