Pour un touriste, la Belgique rime sûrement avec frites, gaufres, festivals, balades, cyclisme. Bruxelles lui évoque sûrement la Grand-Place, les institutions européennes, l’Atomium. Mais demandez à un habitant d’une commune bruxelloise, et vous entendrez autre chose : pollution, saleté, complexité politique, insécurité… et surtout trois mots qui résonnent dans toute la capitale : « violence », « peur », « drogue ».
Après une accalmie avant l’été, la violence reprend : plus de 20 fusillades[1] depuis juillet, principalement à Molenbeek, Anderlecht et Schaerbeek, ayant coûté trois vies. En 2024, le bilan s’élève à 92 incidents et 9 morts[2]. Rien ne semble arrêter cette escalade, et pour le citoyen lambda, il ne reste qu’une impuissance désarmante. Les beaux slogans abondent, mais leur effet sur les criminels semble nul. Les opérations « coup de poing » : communication ou vraie réponse au problème ? Chacun en jugera. Les citoyens sont impuissants, tandis que ceux chargés d’agir restent inactifs.
Prenons Molenbeek, candidate à la capitale européenne de la culture 2030 : rien ne fonctionne avec un collègue défaillant et une bourgmestre absente. La presse nous apprend cependant qu’une “réunion”[3] aura lieu avec les habitants pour “permettre de réfléchir collectivement à des solutions concrètes pour contrer les violences liées au trafic de drogue”. La majorité de gauche semble enfin s’éveiller, même si la proposition laisse perplexe. À l’échelon régional, la gabegie atteint son paroxysme, aucune issue politique à court terme, un gouvernement intubé et des parlementaires souvent médiatisés pour leurs appels au boycott d’Israël. Il serait plus sage que le pouvoir législatif bruxellois s’accorde sur une politique de santé publique ou de prévention des risques. Enfin, la traditionnelle « lasagne » belge permet à chacun de se renvoyer la responsabilité : certains incriminent Anvers, d’autres le fédéral, d’autres encore les communes. Le classique « ce n’est pas moi, c’est lui » laisse la population seule.
Le portrait peu réjouissant laisse entrevoir un mince espoir : le nouveau golden boy des magistrats, désormais bien connu du public, est sur le terrain. Le très actif Julien Moinil ne rate pas une occasion de nous avertir[4] du danger : « Ça fait des années que nous avons ce problème de fusillades et de drogue », disait-il en début d’année. Est-il écouté ? Personne ne le sait. Vu le peu de changements, on peut penser que non. Il faut garder à l’esprit qu’il agit avec les moyens limités que lui offrent les pouvoirs publics, c’est-à-dire presque rien.
Arrêtons ces airs de pamphlet pour examiner les solutions. Deux approches principales s’affrontent :
La première prône l’ultra répression : sur le dealer, le consommateur, le passeur. Cette politique a-t-elle porté ses fruits par le passé ? Chacun jugera. Pour sévir efficacement, il faut en avoir la capacité, or celle-ci est limitée : peu de juges, peu de prisons, peu de policiers, des moyens financiers restreints. Le cadre légal seul ne suffit pas à dissuader. Récemment, on apprenait que la Belgique envisageait d’ouvrir une prison… au Kosovo[5]. Mais cette externalisation soulève de nombreuses questions. L’expérience UE-Turquie sur la question migratoire montre que l’externalisation n’est pas forcément efficace.
La seconde approche privilégie la prévention des risques, avec du matériel propre et une politique sociale de terrain : assistants sociaux, psychologues, personnel médical. Là encore, les résultats semblent mitigés. À Liège, la fameuse salle de consommation s’est révélée inefficace : les problèmes liés à la drogue persistent.
Enfin, reste « l’arme atomique » des pouvoirs publics : la légalisation ou la dépénalisation de l’usage de drogues, dont les effets restent incertains. Cela permettra-t-il d’assécher le trafic ou au contraire de l’intensifier ? Les consommateurs sont imprévisibles et l’impact est difficile à prévoir. La Belgique peut s’inspirer d’autres pays, pour choisir sa méthode. [6][7][8]
Il n’existe donc pas de solution miracle. Si vous en détenez une, mobilisez-vous auprès de vos élus. En attendant, la seule voie réaliste reste de soutenir et de renforcer ceux qui luttent au quotidien : la police, la justice, les acteurs sociaux, les services des douanes, et bien d’autres encore.
Enfin, Philippe Close (PS) vous offre son conseil au petit budget pour visiter Bruxelles, il nous avoue qu’un rail de coke est moins cher qu’un rhum-coca[9]”.
[1] https://www.moustique.be/notre-epoque/les-infos/2025/08/26/denombrer-les-fusillades-devient-difficile-tant-surtout-a-bruxelles-on-tire-plus-vite-que-son-ombre-DARYQUFMYFHGTGJR3LX45T7U3Q/
[2] https://www.rtbf.be/article/fusillades-a-bruxelles-cartographie-d-une-augmentation-des-violences-liees-a-la-drogue-dans-la-capitale-11507104
[3] https://www.dhnet.be/dernieres-depeches/2025/08/26/violences-liees-a-la-drogue-molenbeek-invite-ses-habitants-a-une-reunion-apres-la-serie-dincidents-de-tir-de-lete-VJTDOZN67BBU5G3VYLJC5ZUGWY/
[4] https://www.sudinfo.be/id965943/article/2025-03-11/violences-liees-au-milieu-de-la-drogue-bruxelles-cela-fait-des-annees-que-nous
[5] https://www.lalibre.be/belgique/2025/08/21/une-prison-belge-au-kosovo-le-projet-ne-sera-pas-simple-a-realiser-GFQS35VANNF6RP4M7R6NSHF5XI/
[6] Pour plus d’infos sur les différentes politiques vis-à-vis de la drogue https://www.rtbf.be/article/cannabis-ces-pays-ou-la-possession-ou-consommation-peut-etre-gravement-punie-10688596?utm
[7] https://www.cambridge.org/core/journals/american-journal-of-international-law/article/cannabis-policy-innovations-and-the-challenges-for-eu-coordination-in-drug-policy/0550F5CDADEE5A72FE12DCA5213C957D?utm
[8] https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/04/02/legalisation-depenalisation-comment-les-legislations-du-cannabis-s-assouplissent-a-travers-le-monde_6225611_4355770.html?utm
[9] https://www.lesoir.be/694485/article/2025-08-22/philippe-close-sur-la-drogue-bruxelles-je-suis-oblige-de-constater-quun-rail-de