202450918-5-Image à la Une 1920x1080

Festivals en Belgique, quel avenir pour le futur?

En Belgique, l’été a longtemps été synonyme de musiques vibrantes, de campings éphémères et de foules convergeant vers des scènes de plus en plus décorées. De la grand-messe électro de Tomorrowland aux rendez-vous plus intimistes nichés au coeur des campagnes, le pays a bâti une véritable identité autour de ses festivals. Pourtant, derrière les sourires des festivaliers et les scènes scintillantes, les signaux d’alerte se multiplient. Après plusieurs saisons incertaines, un constat s’impose : le modèle économique et organisationnel qui a fait leur succès doit évoluer, sous peine de s’essouffler.


Un modèle sous tension


Une édition classique d’un festival, trois ou quatres jours de concerts, des têtes d’affiches nationales ou internationales et parfois un camping ne se déploie plus aussi aisément. L’inflation frappe à tous les étages : logistique, sécurité, infrastructures, énergie, cachets des artistes. Les organisateurs doivent investir davantage chaque année pour offrir une expérience équivalente. Pour les petits et moyens événements, la moindre variation devient critique : une averse prolongée, un artiste qui annule ou une vente de billets trop timide peuvent faire basculer tout un budget.

À cela s’ajoute un changement de comportement du public. Beaucoup de festivaliers achètent désormais leurs tickets à la dernière minute, ce qui complique les prévisions financières. Les organisateurs, qui doivent avancer les frais des mois à l’avance, se retrouvent à naviguer à vue. La pandémie avait déjà révélé cette fragilité ; aujourd’hui, elle se double d’une concurrence toujours plus vive et d’un public avide de nouveautés, prêt à délaisser un événement jugé trop “classique” pour un concept plus original.


Des faillites en série

Les conséquences sont déjà visibles. Par exemple, le Feel Good Festival a récemment mis la clé sous le paillasson, incapable d’absorber la hausse des coûts et la baisse de fréquentation. D’autres rendez-vous comme Scène-sur-Sambre ou l’Inc’Rock ont dû réduire la taille des concerts, voire suspendre des éditions entières. Pour ces structures souvent associatives, un été pluvieux ou un seul partenariat qui se dérobe peut suffire à provoquer la faillite.
Même les grands festivals ne sont pas à l’abri. Rock Werchter, Dour ou le Graspop continuent d’attirer les foules, mais les responsables parlent d’un modèle « à bout de souffle ». Ils savent que la rentabilité n’est jamais garantie et que l’équation devient plus complexe d’année en année.


La confiance du public mise à l’épreuve

À ces difficultés économiques s’ajoutent des tensions autour de certaines pratiques commerciales. L’essor des systèmes de paiement “cashless”,bracelets ou cartes préchargées,a déclenché la colère de nombreux festivaliers et de l’association de
consommateurs Testachats. Frais de rechargement, prélèvements pour le remboursement des soldes, impossibilité de payer en espèces : plusieurs gros festivals, des Ardentes à Ronquières, ont été épinglés pour non-respect des obligations légales. Dans un contexte où le prix des tickets atteint déjà des sommets, ces coûts cachés irritent et érodent la confiance.

Conscients du risque, certains organisateurs envisagent un retour partiel aux paiements en espèces ou des procédures de remboursement simplifiées. Mais l’épisode révèle combien il est difficile de conjuguer innovation technologique et respect des droits du public, surtout quand chaque euro compte.


Chercher un nouveau souffle


Malgré ces vents contraires, la scène festivalière belge reste inventive. De nombreux organisateurs testent de nouvelles formules : programmations plus éclectiques, événements plus courts, journées partiellement gratuites ou collaborations renforcées avec les acteurs locaux. L’objectif est de proposer non seulement des concerts mais une expérience immersive, où l’ambiance, la scénographie, la gastronomie et l’engagement écologique pèsent autant que la musique.

Certaines équipes revoient leur ligne artistique. Les Ardentes, par exemple, ont ouvert leur affiche à des influences afro, latines ou électro, reflétant la diversité croissante des goûts du public. D’autres festivals misent sur leur ancrage territorial, invitant associations, artisans et bénévoles à co-construire l’événement afin de créer un sentiment de communauté et de fidélité. Ces initiatives dessinent un avenir où la singularité d’un festival prime sur la seule course aux têtes d’affiche.


Mais alors, comment faire évoluer les festivals belges pour qu’ils restent à la fois viables, attractifs et fidèles à leur esprit de fête collective ?


Plusieurs voies se dessinent déjà.

D’abord, réinventer le modèle économique : diversifier les sources de financement, en mêlant subventions publiques, mécénat, partenariats locaux et formules coopératives, afin de ne plus dépendre uniquement de la billetterie.

Ensuite, imaginer des formats plus souples : festivals plus courts, jauges réduites, ou journées à prix abordable pour élargir le public et limiter les risques financiers.

Parallèlement, valoriser l’expérience globale : proposer des espaces de détente, une offre gastronomique locale, des scénographies immersives et un engagement écologique fort, de manière à créer un souvenir unique qui dépasse le simple concert.

Enfin, renforcer la transparence : clarifier les prix, simplifier les remboursements et offrir un choix réel dans les moyens de paiement, afin de regagner la confiance des festivaliers.

 

Sources : 

https://www.larsenmag.be/fr/articles/2962-les-festivals-a-l-heure-du-repositionnement
https://www.lesoir.be/683090/article/2025-06-20/festivals-un-modele-bout-de-souffle
https://www.rtbf.be/article/les-festivals-sont-ils-inquiets-pour-leur-avenir-11574372
https://www.rtl.be/actu/belgique/societe/les-ardentes-tomorrowland-ronquieres-huit-festivals-belges-accuses-de-pratiques/2025-09-11/article/763088?trueLinkId=1V5jFkwfzYq9qxtm6E2a
eUK6n47t%2BnLyFIs6fMk0MNbvLi58aDAurM5MtFivdKfpbAF8uNM5gBwf7ZM6KfCp6Q%3D%3D&trueLinkTs=1750854388&trueLinkExpiry=43200
https://www.lesoir.be/675038/article/2025-05-13/faillite-de-festivals-belges-quels-evenements-ont-mis-la-cle-sous-le-paillasson

 

 

Natéo CARNOT
Délégué Culture & sport

Tu as aimé ? Alors partage

Facebook
Twitter
LinkedIn

Toi aussi, deviens membre !