Indexation, équité et accessibilité : voici ce que la réforme change réellement.
Vous l’avez certainement vu passer : le minerval va augmenter et passera à 1 194 €. L’opposition et la FEF crient au scandale, affirmant que cette décision va aggraver la précarité étudiante. Pourtant, lorsque l’on regarde la réforme en détail, on constate qu’elle est au contraire nécessaire, juste et socialement équilibrée.
D’abord, cette augmentation n’est pas arbitraire : elle correspond simplement à l’indexation du minerval, gelée depuis 2011, alors que le coût réel d’un étudiant s’élève aujourd’hui à environ 7 000 € par an. Ensuite, contrairement à ce qui est avancé, les étudiants les plus précaires restent pleinement protégés, et même davantage. Les 22 % d’étudiants boursiers continueront de payer 0 €. Le statut à minerval réduit de 374 € sera élargi et concernera désormais 10 % des étudiants, alors qu’il ne profitait aujourd’hui qu’à 1 %. Un nouveau statut intermédiaire permettra par ailleurs à 10 % supplémentaires de payer 835 €. Ce sont donc les 58 % d’étudiants les plus aisés qui supporteront l’essentiel de l’indexation, pas les étudiants en difficulté.
Un autre enjeu important, dont personne ne parle, concerne l’afflux croissant d’étudiants étrangers. Notre enseignement supérieur attire près de 46 000 étudiants étrangers par an, soit un étudiant sur cinq sur nos campus. Parmi eux, la moitié sont des ressortissants de l’Union européenne, la plupart venant de France. Ils choisissent la Belgique francophone parce que certains cursus y sont plus accessibles et moins coûteux que dans leur pays. Il est donc légitime que ceux qui bénéficient de la qualité et de l’accessibilité de notre système contribuent davantage à son financement. C’est déjà le cas pour les étudiants hors UE, dont le minerval a été porté à 4 175 €, avec des exceptions prévues pour les pays les plus pauvres.
Pour les étudiants européens, la loi interdit toute différenciation de minerval entre pays de l’UE. C’est pourquoi le Gouvernement mettra en place en 2027 le Droit Individuel à l’Enseignement Supérieur (DIES), une mesure proposée par des chercheurs de l’UCL et inspirée des modèles de bourses et prêts d’études existant au Luxembourg ou au Danemark. Le principe est simple : le minerval augmentera pour tous, mais chaque étudiant belge (de la FWB) recevra une bourse équivalente à cette augmentation, tandis que les étudiants étrangers paieront cette différence. La moitié des recettes générées par cette mesure sera réinvestie dans l’enseignement supérieur.
Au final, cette réforme permet de refinancer un système qui en a urgemment besoin, de mieux répartir l’effort entre étudiants belges et étrangers, et de maintenir un accès aux études supérieures pour les étudiants les plus précarisés. Dans une Fédération Wallonie-Bruxelles lourdement endettée, ces décisions sont responsables et indispensables afin de préserver un enseignement supérieur de qualité, accessible, et qui reste un véritable droit pour tous.

Martin De Meulemeester
Délégué Jeunesse, enseignement, 
Vie étudiante, Santé et Affaires sociales
 
				 
															 
															 
								