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Boire ou conduire ? : Jeunes et alcool au volant.

Une tradition sous le signe de la fête ,mais pas sans danger !

Chaque année, le 15 août, réunit familles et amis autour de moments de partage chaleureux. En Belgique, cette journée rime souvent avec convivialité… et consommation d’alcool. Ces manifestations festives rappellent que l’alcool est profondément ancré dans certaines traditions. Mais qu’en est-il lorsque la fête déborde sur la route ?

Accidents : la Belgique progresse… mais l’alcool reste un défi.

Bonne nouvelle : la sécurité routière s’améliore en 2024. Selon Statbel, les accidents ont diminué de 2,6 % par rapport à 2023 et de 4,6 % par rapport à 2022, tandis que le nombre de décès a chuté de 6,2 %.(1)

Pourtant, le facteur alcool demeure préoccupant :
–  Environ 1 accident sur 10 en Belgique implique un conducteur en état d’ébriété, dont plus de la moitié avec un taux d’alcoolémie supérieur à 1,5 ‰.2
– Le volume global des accidents baisse, mais la proportion d’accidents liés à l’alcool reste inquiétante.

Toutefois, plus de 83 % des jeunes Belges (17–30 ans) soutiennent une tolérance zéro pour l’alcool au volant , un signal fort en faveur du changement de mentalité.(3)

 Stratégies pour prévenir et sauver des vies.
a) Cultiver l’habitude BOB.
La campagne BOB, initiée en 1995, a profondément changé les mentalités. Aujourd’hui, 80 % des Belges estiment que boire et conduire est inacceptable, et plus d’un tiers dit avoir déjà assumé le rôle de conducteur désigné.(4)
b) Former dès l’école.
En Flandre, le programme « Traffic Weeks » cible les futurs conducteurs (16–19 ans) avec des ateliers sur les risques liés à la conduite sous l’influence et d’autres dangers routiers. Ces initiatives favorisent une prise de conscience précoce.(5)
c) Sensibiliser et contrôler.
Les campagnes de fin d’année, couplées à des contrôles renforcés, rappellent le message : la norme, c’est zéro alcool au volant. Pourtant, pour être efficace, la prévention doit être régulière et complémentée par des sanctions proportionnées.

Réduction générale des excès d’alcool.
Si l’alcool au volant est à juste titre une priorité, il ne faut pas négliger les autres excès liés à la consommation d’alcool chez les jeunes. Le binge drinking (hyperalcoolisation en un court laps de temps) reste répandu : selon l’Enquête de Santé 2018 de Sciensano, plus d’un jeune sur deux (51 %) âgé de 18 à 24 ans a déjà bu de manière excessive au moins une fois dans le mois, et 11 % le font chaque semaine.(6)

Les conséquences sont lourdes : accidents, comas éthyliques, violences… mais aussi des risques à long terme. Les recherches montrent que commencer à boire avant 15 ans multiplie par 4 le risque de développer une dépendance à vie.(7)

Les chiffres hospitaliers confirment l’ampleur du problème : six adolescents (12–17 ans) sont admis chaque jour aux urgences en Belgique pour abus d’alcool, soit 2 234 hospitalisations en 2018, dont certaines concernaient des jeunes de 13 ans ou moins.(8)

Face à cela, plusieurs mesures complémentaires apparaissent essentielles :
–  Harmoniser l’âge légal à 18 ans pour toutes les boissons alcoolisées, comme le recommande le Conseil Supérieur de la Santé, afin d’envoyer un signal clair et cohérent aux jeunes.9
–  Renforcer les contrôles : Une étude menée par le SPF Santé publique en 2024 a révélé que 70 % des supermarchés contrôlés ont vendu de l’alcool à des mineurs lors de tests effectués avec des clients mystères âgés de 15 à 17 ans. Cette étude a également montré que 84 % des infractions concernaient la vente de spiritueux, tandis que les stations-service affichaient un taux de non-conformité de 57 %. Ces résultats soulignent la nécessité de renforcer les contrôles et de sensibiliser davantage les commerçants au respect de la législation en matière de vente d’alcool aux mineurs.10
– Développer des programmes éducatifs axés sur les compétences psychosociales (esprit critique, gestion des émotions, résistance à la pression du groupe), qui se montrent efficaces à long terme.(11)

Conclusion : la prévention, clé pour des routes plus sûres.

En somme, lutter contre l’alcool au volant ne peut être dissocié d’une politique globale de prévention des excès d’alcool, car la route n’est qu’un des terrains où les conséquences se manifestent. La prévention doit être continue et multidimensionnelle : campagnes BOB, contrôles renforcés, harmonisation de l’âge légal et programmes éducatifs visant le développement des compétences psychosociales sont autant de leviers essentiels.
En combinant sensibilisation, responsabilisation et mesures concrètes, il est possible de réduire significativement les risques et de promouvoir une consommation plus responsable. Une approche préventive et structurée bénéficie à tous, jeunes et moins jeunes, et contribue à construire des habitudes durables pour des routes plus sûres

(1 ) 470 road traffic deaths in Belgium in 2024 | Statbel
(2)https://www.brusselstimes.com/belgium/1144359/alcohol-involved-in-one-in-ten-road-accidents
(3) https://www.belganewsagency.eu/over-80-of-belgian-young-adults-in-favour-of-total-alcohol-ban-for-drivers
(4) https://en.wikipedia.org/wiki/Bob_campaign
(5) https://www.mdpi.com/2313-576X/5/2/3

(6) Enquête de santé 2018 : Consommation d’alcool | sciensano.be
(7) https://cancer.be/prevention/alcool-et-sante/
(8) Enquête de santé 2018 : Consommation d’alcool | sciensano.be
(9) https://www.rtbf.be/article/le-conseil-superieur-de-la-sante-serre-la-vis-sur-l-alcool-le-plan-interfederal-ne-pousse-pas-le-bouchon-assez-loin-11349830
(10) Trois quarts des supermarchés vendent encore du tabac et de l’alcool aux mineurs – RetailDetail BE
(11) https://www.who.int/docs/default-source/mental-health/guidelines-on-mental-health-promotive-and-preventive-interventions-for-adolescents-hat.pdf

 

Sarah SCIARRABBA
Déléguée Santé, premiers secours, pension & affaires socialess 

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