202450905-4-Image à la Une (site)

La Belgique face au défi de l’autonomie ferroviaire

Et si, demain, nos trains circulaient sans conducteur à bord ? Cette vision, qui relevait encore de la science-fiction il y a quelques décennies, prend aujourd’hui des contours de plus en plus concrets. Entre initiatives privées innovantes et hésitations institutionnelles, la Belgique se trouve à la croisée des rails d’une révolution technologique qui pourrait transformer radicalement notre rapport au transport ferroviaire.

L’innovation belge en marche : OTIV ouvre la voie

Au cœur de cette transformation, une entreprise belge fait figure de pionnière. OTIV, spécialisée dans les solutions d’assistance et d’autonomie ferroviaire, développe des technologies révolutionnaires utilisant la 5G et la conduite autonome pour augmenter la sécurité et l’efficacité des opérations ferroviaires.

L’ambition d’OTIV ne se limite pas aux frontières nationales. La start-up belge a décroché un contrat pluriannuel pour faire circuler des trains de marchandises automatisés et télécommandés sur la Betuweroute aux Pays-Bas, une ligne de fret stratégique reliant les ports de Rotterdam et d’Amsterdam à l’Allemagne. Cette ligne, équipée d’un système de sécurité mieux adapté à la conduite automatisée, constitue un terrain d’expérimentation idéal pour cette technologie émergente.

Ce projet marque une étape cruciale : pour la première fois en Europe, des trains de marchandises circuleront de manière totalement automatisée sur des lignes commerciales, ouvrant la voie à une généralisation progressive de cette technologie.

Des hésitations pour le transport de voyageurs

Du côté des voyageurs, la situation est plus contrastée. Le nouveau gouvernement fédéral belge explore l’idée des trains sans conducteur et examine la faisabilité des trains sans accompagnateur, mais les obstacles restent nombreux.

La SNCB, opérateur national des transports ferroviaires, a déjà exploré cette piste par le passé. Cependant, les trains de la SNCB ne sont actuellement pas équipés pour circuler sans accompagnateur, nécessitant des caméras ou des miroirs pour permettre aux conducteurs de superviser le véhicule, une adaptation qui semble pratiquement impossible selon les études menées.

L’Europe prend de l’avance

Nos voisins européens franchissent des étapes décisives. L’Europe a inauguré son premier train totalement autonome sur une ligne expérimentale moderne, où les trains circulent de manière totalement automatisée. En Allemagne, un train sans conducteur a effectué ses premiers trajets sur le réseau urbain de Hambourg, une « première mondiale » selon Deutsche Bahn et Siemens, pour améliorer la régularité du trafic.

Ces succès démontrent que la technologie existe et qu’elle est opérationnelle. La question n’est plus de savoir si les trains autonomes arriveront, mais quand et comment chaque pays s’appropriera cette révolution.

Une approche progressive : l’accessibilité avant l’autonomie

Paradoxalement, la Belgique développe une forme d’autonomie ferroviaire par un autre biais : l’accessibilité. La SNCB a présenté la première rame à accès autonome, permettant aux voyageurs à mobilité réduite d’embarquer de manière totalement indépendante grâce à des portes adaptées et des marches coulissantes. La M7 sera le premier train accessible de manière autonome aux voyageurs à mobilité réduite, avec quelque 130 voitures adaptées commandées.

Cette approche, bien que différente de l’autonomie de conduite, révèle une philosophie intéressante : l’autonomie comme moyen d’inclusion et d’amélioration du service public, plutôt que comme simple optimisation technique.

Enjeux et perspectives

L’avenir des trains autonomes en Belgique se dessine donc en demi-teinte. D’un côté, l’innovation privée, incarnée par des entreprises comme OTIV, trace la voie vers une automatisation progressive du transport de marchandises. De l’autre, les défis techniques et économiques freinent l’adoption de ces technologies pour le transport de voyageurs.

Cette situation reflète des enjeux plus larges : sécurité, emploi, acceptabilité sociale, coûts d’infrastructure. Comme le soulignent les experts du secteur, le développement de systèmes de transport autonomes nécessite une approche globale, s’appuyant sur une longue expérience et un savoir-faire technologique de pointe.

L’automatisation ferroviaire s’impose progressivement comme un enjeu majeur de compétitivité et d’efficacité. Elle promet des gains substantiels en termes de régularité, de capacité et, paradoxalement, de sécurité.

 

L’avenir du rail belge s’écrit aujourd’hui, quelque part entre les laboratoires d’OTIV et les salles de réunion de la SNCB. Une chose est certaine : les rails de demain ne ressembleront pas à ceux d’hier.

 

Sources :

https://www.lecho.be/entreprises/tech-science/le-belge-otiv-assure-le-premier-transport-en-train-sans-conducteur-d-europe/10613560.html

 

https://www.rtl.be/actu/belgique/societe/des-trains-sans-conducteur-et-sans-accompagnateur-la-sncb-envisage-un-projet/2025-03-17/article/742922

 

https://press.sncb.be/la-sncb-presente-la-premiere-rame-a-acces-autonome

Tu as aimé ? Alors partage

Facebook
Twitter
LinkedIn

Toi aussi, deviens membre !