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L’accès à la propriété : le rêve brisé de la jeunesse ?

Accéder à la propriété est-il devenu un mirage pour la jeunesse belge ? Ce qui devrait constituer un socle de stabilité et un véritable projet de vie s’est mué en parcours d’obstacles quasi infranchissables. La flambée des prix de l’immobilier, la rigueur implacable des banques et la pression fiscale écrasante ont progressivement écarté toute une génération de l’idée même d’acheter son premier logement. Faut-il alors se résigner et accepter que la propriété devienne une utopie réservée à quelques privilégiés ?

Les Jeunes MR refusent ce scénario du renoncement. Ils défendent des solutions concrètes et innovantes pour rouvrir la porte de la propriété : alléger la fiscalité, inventer de nouvelles formules d’accès comme la location avec option d’achat ou les logements avec option d’achat, et libérer le potentiel urbanistique de nos Régions. Ces mécanismes hybrides, qui transforment le loyer en épargne et sécurisent un futur droit de propriété, offrent une réponse crédible à l’urgence actuelle. Ils permettent à la jeunesse de ne plus subir, mais de construire pas à pas une trajectoire réaliste vers l’acquisition.

Devenir propriétaire ne doit plus être un privilège inaccessible mais un horizon commun. Les Jeunes MR en sont convaincus : il est encore temps d’agir, à condition d’avoir le courage politique de briser les blocages et de faire des choix audacieux. Car au-delà du rêve individuel, l’accès au logement touche à des enjeux collectifs : la cohésion sociale, l’équilibre de nos territoires et la confiance dans l’avenir. C’est pourquoi il nous faut agir sans attendre, avec lucidité et détermination, pour que chaque jeune puisse transformer ce rêve en projet concret de vie.

  1. L’habitat partagé : rêver ensemble, posséder autrement

L’habitat partagé s’impose aujourd’hui comme l’une des pistes les plus sérieuses pour réinventer l’accès à la propriété. Face à des prix immobiliers exorbitants et à des conditions d’achat souvent décourageantes, il offre aux jeunes générations une alternative crédible. Loin de se limiter à la colocation traditionnelle, ce modèle propose d’aller plus loin : devenir propriétaire ensemble en mutualisant les ressources et en divisant les charges liées à l’acquisition et à l’entretien d’un bien. Plusieurs formules existent déjà, de l’achat collectif d’un immeuble à la constitution de coopératives d’habitants, en passant par des projets de co-housing qui allient espaces privés et parties communes. Ces initiatives ne permettent pas seulement de franchir le cap financier, elles offrent aussi un mode de vie plus solidaire, plus durable et plus humain.

Dans un marché saturé par l’individualisme et dominé par la spéculation, l’habitat partagé redonne du sens au logement en le réinscrivant dans un projet social et collectif. Il répond également à une aspiration profonde des nouvelles générations : vivre autrement, dans des quartiers où la convivialité, la coopération et la mixité sociale priment sur l’isolement et la spéculation immobilière.

Mais ce modèle, prometteur, reste fragile. La législation belge n’offre pas encore un cadre clair pour sécuriser ces formes de propriété collective. Entre l’indivision, la copropriété classique ou les coopératives d’habitants, les statuts juridiques demeurent complexes et mal adaptés à la réalité quotidienne. Cette insécurité soulève des questions légitimes : que se passe-t-il si l’un des copropriétaires veut vendre sa part ? Comment régler les litiges liés à l’usage des espaces communs ? Quelles règles fiscales s’appliquent en cas de revente ou de transmission ? Tant que ces zones grises subsisteront, l’habitat partagé restera un modèle innovant mais fragile, dépendant de la bonne volonté des acteurs et des autorités locales.

Les défis ne sont pas uniquement juridiques. La mutualisation des coûts, qui est une force, peut aussi devenir une faiblesse en cas de déséquilibre entre copropriétaires. Si l’un d’entre eux traverse une difficulté financière, c’est tout le projet qui vacille. De plus, partager un bien implique un effort de compromis, de gouvernance et de solidarité. Sans cadre clair et sans maturité collective, les conflits peuvent rapidement miner la viabilité du projet. Enfin, le risque de spéculation n’est pas absent : certains investisseurs pourraient détourner l’esprit du concept et en faire un produit de niche réservé à une clientèle aisée, trahissant sa vocation sociale.

Pour toutes ces raisons, les Jeunes MR plaident pour un encadrement équilibré : suffisamment clair et protecteur pour sécuriser les projets, mais sans excès de règles afin de ne pas étouffer l’innovation. Soutenir l’habitat partagé, c’est investir dans une nouvelle culture de la propriété : plus collective, plus inclusive et tournée vers l’avenir. C’est aussi donner à la jeunesse la possibilité d’accéder à un logement qui ne soit pas seulement un bien à acheter, mais un lieu à vivre et à partager.

 

2. Location-achat : louer sans renoncer à ses rêves de devenir propriétaire.

La location avec option d’achat se présente comme une réponse innovante à l’impasse dans laquelle se trouvent de nombreux jeunes face à la propriété. Ce mécanisme hybride, à mi-chemin entre la location et l’acquisition, permet à un locataire d’occuper immédiatement un logement tout en transformant une partie de son loyer en épargne déductible du prix final. C’est une manière pragmatique de contourner la barrière de l’apport initial, trop souvent fixé par les banques à 20 % du prix total, et qui constitue un obstacle infranchissable pour la majorité des primo-acquéreurs.

Son atout majeur réside dans la possibilité de « geler » le prix de vente dès la signature du contrat. Le locataire est ainsi protégé contre l’inflation immobilière et les hausses spéculatives qui alimentent l’angoisse de toute une génération. Mais ce dispositif ne se limite pas à un calcul financier : il offre une véritable période de transition, un temps pour construire un capital tout en testant son logement, son quartier et son environnement avant de franchir le pas définitif de l’achat.

La Flandre a déjà expérimenté un modèle similaire avec la « location-hamster », qui convertit les loyers versés pendant cinq ans en apport personnel et fixe un prix inchangé pendant toute la durée de l’option. Certaines communes vont plus loin encore en proposant des logements tremplin : des habitations louées à des conditions avantageuses pendant quelques années, avant de passer à l’achat ou à la construction. Ces initiatives montrent que la location-achat n’est pas une utopie théorique, mais une solution concrète qui a déjà fait ses preuves.

Pourtant, en Belgique, ce modèle reste encore marginal et trop inégalement encadré. Sans un cadre légal clair et protecteur, les risques sont réels : litiges contractuels, effets d’aubaine, dérives spéculatives. Les Jeunes MR plaident donc pour l’adoption d’une législation régionale harmonisée, qui sécurise les droits des locataires, clarifie les obligations des propriétaires et fasse de l’option d’achat un véritable droit, assorti de garanties solides.

Mais la question ne s’arrête pas là : il faut aussi lever les barrières fiscales. Les droits d’enregistrement, parmi les plus élevés d’Europe, restent une entrave majeure. Réduire, voire supprimer ces coûts pour les primo-acquéreurs, et en permettre l’étalement dans le temps, constituerait un véritable coup de pouce. Cela alignerait Bruxelles et la Wallonie sur l’exemple flamand et redonnerait un souffle au parcours résidentiel des jeunes ménages.

Enfin, la location avec option d’achat doit s’inscrire dans une politique du logement plus large, qui tienne compte des nouvelles formes d’habitat. Coliving, habitat partagé, colocations intergénérationnelles : ces modèles complémentaires répondent à l’aspiration des jeunes à plus de flexibilité, de convivialité et de solidarité dans un marché locatif de plus en plus tendu.

En définitive, la location avec option d’achat ne doit pas rester un outil marginal. Elle doit devenir une brique essentielle de notre stratégie de logement, articulée avec des incitants fiscaux et des solutions collectives. Plus qu’un simple contrat, elle incarne la promesse d’une propriété accessible, progressive et sécurisée. Pour les Jeunes MR, elle représente un levier crédible pour redonner confiance à une génération qui doute encore de son avenir immobilier.

3. Quand le rêve se heurte aux murs administratifs

L’accès à la propriété en Belgique ne se heurte pas seulement au prix d’achat d’un bien. Une fois franchi l’obstacle du financement initial, de nombreux jeunes se retrouvent confrontés à la complexité d’un système de primes à la rénovation fragmenté, instable et difficilement lisible. Si l’intention politique est louable – encourager la rénovation énergétique et la modernisation du bâti –, la réalité administrative décourage trop souvent les candidats. Multiplicité des régimes selon les Régions, conditions d’éligibilité changeantes, délais de traitement interminables et plafonds budgétaires rapidement atteints créent une insécurité qui mine la confiance des ménages. Pire encore, l’effet d’annonce de certaines primes entraîne parfois un afflux massif de demandes, suivi d’une suspension brutale faute de moyens, laissant de nombreux jeunes sur le carreau.

La fiscalité immobilière reste un autre frein majeur, même si la Wallonie a amorcé une réforme en profondeur. Depuis le 1er janvier 2025, les droits d’enregistrement pour l’achat d’une habitation propre et unique sont passés de 12,5 % à 3 %, une mesure qui rapproche enfin la Région du modèle flamand. Mais cette avancée s’accompagne de la suppression de régimes anciens comme le chèque-habitat, l’abattement pour primo-acquéreurs ou encore le taux réduit pour habitation modeste. Si certains y gagnent, d’autres y perdent : les profils modestes ou les familles nombreuses risquent d’être désavantagés par ce nouveau système. Cette réforme constitue néanmoins un pas dans la bonne direction : elle simplifie et allège la fiscalité, mais elle doit s’accompagner d’autres mesures pour réellement fluidifier le parcours résidentiel des jeunes ménages.

Au-delà des droits d’enregistrement, l’immobilier en Belgique reste fortement taxé : précompte immobilier, TVA sur la construction neuve, fiscalité sur les revenus locatifs ou encore taxation des immeubles inoccupés en Wallonie et à Bruxelles. Cette dernière mesure, souvent défendue comme un levier pour lutter contre la spéculation et inciter les propriétaires à remettre leurs biens sur le marché, pose néanmoins question. Certes, elle peut contribuer à limiter l’abandon prolongé de logements et à accroître l’offre disponible. Mais elle comporte aussi des effets pervers : certains propriétaires, incapables de vendre rapidement ou de rénover dans les délais impartis, se retrouvent piégés dans une charge fiscale supplémentaire. L’efficacité de cet instrument dépend donc de sa proportionnalité et de son articulation avec d’autres politiques : accompagnement à la rénovation, simplification des procédures urbanistiques et incitants positifs à la mise en location. Sans cet équilibre, la taxation des immeubles inoccupés risque davantage d’alourdir le climat fiscal déjà pesant que de fluidifier réellement le marché.

Un troisième frein, moins visible mais tout aussi puissant, réside dans la lourdeur des procédures d’urbanisme et l’usage parfois abusif des recours. Obtenir un permis de bâtir ou de rénover relève encore trop souvent du parcours du combattant. La superposition des normes – plans de secteur, règlements communaux, schémas régionaux – crée une insécurité juridique permanente. Dans ce contexte, des recours introduits pour des motifs faibles ou dilatoires peuvent bloquer des projets pendant des mois, voire des années. Chaque retard renchérit les coûts, immobilise des capitaux et décourage les porteurs d’initiatives.

L’effet cumulé de ces obstacles – aides instables, fiscalité encore inégale selon les Régions, procédures urbanistiques paralysantes – nourrit un climat d’incertitude. Or, l’achat d’un logement devrait être un moment fondateur de stabilité et de projection vers l’avenir, pas une succession d’embûches administratives et financières. Si les autorités veulent réellement favoriser l’accès à la propriété, elles doivent clarifier et stabiliser les primes, garantir une fiscalité équitable et moderniser les procédures d’urbanisme. C’est à ce prix que la promesse d’un logement accessible pourra redevenir une réalité pour la jeunesse.

Conclusion – Du rêve à la réalité : rendre la propriété possible

Accéder à la propriété ne peut pas devenir un mirage pour la jeunesse belge. Alors que le logement devrait incarner un socle de stabilité et un véritable projet de vie, il se mue trop souvent en parcours semé d’embûches. La flambée des prix, la rigueur bancaire et une fiscalité encore trop lourde privent de nombreux jeunes de la possibilité même d’envisager leur premier achat. Mais ce destin n’est pas une fatalité.

Face à l’urgence, il faut oser repenser nos modèles. Location avec option d’achat, logements tremplins, partenariats public-privé ou encore habitat partagé : ces dispositifs innovants dessinent une voie réaliste vers l’acquisition. Ils permettent à la jeunesse de ne plus subir, mais de construire pas à pas un avenir où le loyer se transforme en épargne et où l’accès à la propriété redevient une promesse crédible.

Pour les Jeunes MR, devenir propriétaire ne doit plus être un privilège réservé à quelques-uns, mais un horizon atteignable pour chaque jeune citoyen. C’est possible, à condition d’avoir le courage politique d’alléger la fiscalité, de stabiliser les aides et de libérer le potentiel urbanistique de nos Régions. L’enjeu dépasse l’individuel : il touche à la cohésion sociale, à l’équilibre territorial et à la confiance dans l’avenir.

Nous n’avons plus le luxe d’attendre. Agir maintenant, avec audace et lucidité, c’est offrir à une génération non pas un rêve inaccessible, mais un projet de vie concret, à la hauteur de ses espoirs et de ses efforts. Car garantir l’accès à la propriété, c’est garantir à la jeunesse belge une place solide dans la société et la certitude qu’elle peut, elle aussi, bâtir son avenir.

 

Valentin Vigneron

Délégué Logement

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