Le Nigeria est aujourd’hui le théâtre d’une tragédie que certains préfèrent ignorer. Pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 230 millions d’habitants, et abritant un sous-sol riche en hydrocarbures et terres rares, il s’enfonce désormais dans une spirale de violence endémique. Les chiffres sont glaçants : plus de 40 000 morts depuis 2009, deux millions de déplacés, des villages effacés de la carte. Au cœur de cette hécatombe, un nom funeste devenu symbole du chaos : Boko Haram, littéralement « l’éducation occidentale est un péché ». Ce groupe, né comme une secte islamiste, s’est mué en armée de terreur, prêchant le jihad et semant la mort.
Le Nigeria est un pays fracturé. Environ 53 % de musulmans, 46 % de chrétiens, une minorité animiste : une mosaïque religieuse qui se traduit en une poudrière permanente. Les chrétiens dominent le Sud, les musulmans le Nord, et la Middle Belt centrale concentre les tensions : affrontements entre agriculteurs chrétiens et éleveurs peuls musulmans, villages incendiés, civils massacrés. Des drames qui se répètent dans une indifférence glaçante.
Il faut le rappeler : les chrétiens ne sont pas les seules victimes. Boko Haram, l’État islamique en Afrique de l’Ouest et d’autres milices tuent bien souvent sans distinction : des prêtres, des imams, des chefs de village, des fidèles de toutes confessions. Leur logique n’est pas uniquement religieuse, mais aussi totalitaire : tout ce qui ne se soumet pas à la charia doit disparaître. Le terrorisme s’enracine aussi sur un terreau fertile : celui de la misère, de la corruption et du changement climatique qui attise les conflits fonciers. La religion sert bien souvent de prétexte à une guerre pour la survie.
Face à cette situation, Donald Trump a ravivé l’attention internationale. Dans un message publié sur Truth Social, il a dénoncé la « passivité » des autorités nigérianes et averti qu’« aucun peuple ne devrait être massacré pour sa foi ». Il a replacé le Nigeria sur la liste des pays « particulièrement préoccupants » en matière de liberté religieuse, rejoignant ainsi la Chine, l’Iran ou encore la Corée du Nord. Une position ferme qui, au-delà de son style provocateur habituel, met en lumière une réalité : les chrétiens du Nigeria sont bel et bien pris pour cibles, comme dans beaucoup d’autres régions d’Afrique et du Moyen-Orient, et leur détresse mérite d’être nommée.
Mais ce qui sidère, c’est le silence presque généralisé en Occident. Où sont les manifestations, les blocages des campus, les cris d’indignation ? Certains, si prompts à s’émouvoir (à juste titre) d’autres tragédies, restent ici étrangement muets. Un silence gêné, révélateur.
Ce mutisme illustre une hypocrisie devenue profession de foi. Les militants d’extrême-gauche, qui se prétendent défenseurs des minorités opprimées, se terrent dans un mutisme profond dès lors que les bourreaux ne rentrent pas dans leurs catégories idéologiques. Par conséquent, le sang des chrétiens et de tant d’autres innocents, en ce compris les musulmans persécutés au Nigeria, les Ouïghours réprimés en Chine, ou encore les civils soudanais et congolais massacrés, ne semble pas mériter leur indignation. Ce silence-là n’est pas anodin : il est coupable.
Au sein des Jeunes MR, nous refusons cette indifférence. Il nous semble essentiel de dénoncer les massacres et les crimes contre l’humanité, où qu’ils se produisent et quelles qu’en soient les victimes. Notre indignation n’est pas à géométrie variable. En tant que libéraux, nous plaçons l’humanité, la liberté et la sécurité des individus au centre de nos valeurs. Les événements décrits ici ne peuvent donc que nous alerter et nous pousser à exiger une réaction internationale forte, cohérente et à la hauteur des enjeux, quels qu’ils soient et où qu’ils se manifestent.
