La culture fait partie des fondements de notre société. Elle raconte qui nous sommes, elle transmet des idées, des émotions, des valeurs et permet à chacun de s’ouvrir à d’autres univers. Elle rassemble, crée du dialogue, inspire et pousse à penser différemment. Elle fait aussi vivre nos communes : spectacles, festivals, expositions, concerts, clubs de pratiques artistiques, … autant d’activités qui créent du lien social et qui contribuent à l’attractivité de nos territoires.
Au-delà de l’aspect artistique, la culture représente un secteur économique réel : emplois, commerces locaux, tourisme, restauration, mobilité, services techniques… chaque événement culturel génère de l’activité et participe à la vitalité d’une ville ou d’une région.
Un contexte qui change : des subsides réorientés et plus de contraintes
Depuis les dernières élections législatives, les pouvoirs publics réorientent les financements. Les subsides dits « structurels », c’est-à-dire ceux destinés à assurer le fonctionnement de base des institutions, sont privilégiés. À l’inverse, les « subsides secondaires », souvent liés à des projets et des événements ponctuels sont réduits ou supprimés.
Cette évolution s’explique par la volonté de rationaliser les dépenses publiques, mais elle place de nombreuses structures culturelles dans une situation délicate. Beaucoup dépendaient de ces aides ponctuelles pour créer, expérimenter ou simplement équilibrer leur budget annuel.
À cela s’ajoute une réduction annoncée de l’avantage fiscal pour les dons des particuliers, ce qui rend le financement citoyen moins incitatif qu’auparavant.
Résultat : le secteur culturel doit revoir son modèle, diversifier ses revenus et trouver de nouveaux partenaires.
Les leviers existants : avantages et limites
1. Le mécénat
Le mécénat est un don fait par une entreprise ou un particulier à un projet ou à une institution culturelle, sans contrepartie commerciale.
Ses forces :
- il est fiscalement déductible,
- il renforce le lien entre acteurs locaux et initiatives culturelles,
- il valorise l’image de responsabilité sociale des entreprises.
Ses limites :
- il dépend de la sensibilité des donateurs,
- il nécessite une relation de confiance et une communication claire du projet porté.
À noter : pour que le mécénat devienne réellement un pilier du financement culturel, il est important de défendre une amélioration des incitants fiscaux. Sans un cadre attractif, les dons resteront trop faibles pour compenser la disparition des subsides secondaires.
2. Le sponsoring
Le sponsoring repose sur un échange : visibilité, communication, présence d’un logo, etc.
Ses forces :
- il permet d’impliquer des entreprises locales dans la vie culturelle,
- il s’inscrit facilement dans la stratégie marketing d’une société.
Ses limites :
- il est moins avantageux fiscalement,
- il est souvent réservé à des projets qui offrent une visibilité suffisante, ce qui exclut certaines initiatives plus petites ou plus expérimentales.
3. Le Tax Shelter
Le Tax Shelter est un mécanisme fiscal destiné aux entreprises qui investissent dans des productions culturelles (cinéma, spectacles, audiovisuel, jeux vidéo).
Ses forces :
- c’est aujourd’hui l’un des dispositifs fiscaux les plus attractifs en Belgique,
- il permet de soutenir des productions ambitieuses,
- il apporte une stabilité financière à des projets parfois risqués.
Ses limites :
- il n’est accessible qu’à partir d’un certain montant,
- il est administrativement plus complexe,
- il ne convient pas à la majorité des petits projets culturels qui ont pourtant besoin de soutien,
- il est exclusivement lié à la création.
Accompagner le secteur culturel pour qu’il reste vivant
Dans ce contexte en mutation, encourager la culture ne se limite plus à défendre ses subsides :
il s’agit d’aider les structures à évoluer, à comprendre les nouveaux outils, à monter des partenariats solides et à développer des modèles hybrides. Les jeunes générations peuvent jouer un rôle clé en apportant de nouvelles idées, en connectant institutions culturelles et entreprises locales, ou en valorisant des projets innovants.
La culture doit rester un espace de création, d’expérimentation et de liberté. Elle doit pouvoir continuer à surprendre, à questionner, à faire rêver et à rassembler. Pour cela, elle a besoin de stabilité, mais aussi de nouvelles formes de soutien.
Accompagner cette transition, c’est garantir que nos villes et nos régions restent des lieux où l’on peut découvrir, apprendre, ressentir et partager.
