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La fin des heures de religion et de morale dans les écoles de la FWB : une mesure controversée pour atteindre la neutralité de l’enseignement ?

Les heures de cours de religion et morales dans les écoles du réseau de la FWB sont aujourd’hui menacées par le cabinet socialiste de la ministre de l’Enseignement obligatoire, Caroline DÉSIR. À première vue, il est vrai que cela permettrait de libérer du temps pour d’autres matières. Toutefois, on peut se demander si la diminution ou suppression des heures philosophiques (à savoir, religion et morale, telles citées par le journal Le Soir) est la seule solution possible pour aboutir à un état qui se veut neutre.

  1. La suppression/diminution des cours de religion permet-elle de libérer du temps pour d’autres matières ?

En Flandre, les élèves doivent suivre deux heures de religion ou de morale par semaine, tandis qu’en FWB, la période peut varier entre deux et deux heures et demie par semaine. Il est important de noter que les parents ont le droit de demander une exemption de ces cours pour les enfants, cependant, cela doit être approuvé par l’établissement et les autorités compétentes.

Dans le but d’améliorer la compréhension et les résultats académiques dans les domaines tels que les mathématiques, les sciences, les langues, l’histoire et la géographie, il serait opportun de diminuer les heures de cours de religion et de morale au profit des cours d’éducation à la philosophie et citoyenneté.

Toutefois, la réorganisation du programme scolaire nécessiterait une planification et une coordination minutieuse pour s’assurer que les élèves reçoivent une éducation équilibrée et complète. La suppression ou diminution ne garantit pas automatiquement l’utilisation optimale pour d’autres matières, car cela dépendra du suivi mis en place.

En effet, premièrement, le contenu actuel est très vague : certains critiques estiment que le contenu vague et abstrait des cours rend difficile pour les élèves de comprendre l’importance et la pertinence des concepts abordés.

Deuxièmement, certains observateurs estiment que les cours se concentrent trop sur les compétences transversales et n’accordent pas suffisamment d’importance à l’enseignement des connaissances spécifiques en politique, sachant que la notion « Acteurs institutionnalisés et non institutionnalisés en Belgique et au niveau international » n’a pas assez de place importante.

Troisièmement, afin de supprimer des cours pour en valoriser d’autres, il serait primordial de fournir des ressources pédagogiques claires et cohérentes pour ces derniers.

La promotion du « vivre ensemble » est donc indissociable d’un engagement à la fois citoyen éclairé, mais aussi un citoyen libre de choisir sa foi.

Afin de résoudre le problème d’heures dans l’enseignement obligatoire, il ne faut donc pas réduire les heures de religion et de morale, mais bel et bien repenser tout un programme qui, d’un côté, garantit à l’élève de choisir le cours de religion qui correspond à sa foi, d’un autre côté permet à l’élève de remplir son premier devoir en tant que citoyen en suivant de réels cours de citoyenneté.

2. Quid de la question de la neutralité belge face à la montée de la laïcité ?

En FWB, l’enseignement obligatoire est régi par la neutralité de l’État, ce qui signifie que les différents établissements doivent respecter les convictions philosophiques, religieuses ou non confessionnelles de chaque élève. Il est important de noter que le principe de neutralité doit normalement lutter contre le favoritisme d’une religion ou autre croyance particulière.

Or, en déséquilibrant les cours de philosophie des cours de citoyenneté, la ministre socialiste rompt visiblement avec le principe même de neutralité tant soutenue par son parti.

Il est temps d’arrêter de nous faire croire que la présence des cours de religion et de morale empêcherait l’émancipation des cours de citoyenneté. La neutralité permet justement d’harmoniser entre les droits et les devoirs : le droit de croire ou ne pas croire, et le devoir de se former en tant que citoyen responsable. La menace qui guette les cours de religion viendrait rompre la neutralité et se heurterait à une pensée bien plus laïque, ce que la Belgique n’est pas contrairement à son pays voisin, la France.

De ce fait, pour éviter de dériver vers la laïcité, pour préserver la neutralité de l’État, le cabinet se doit de maintenir le pluralisme des opinions et des convictions, en maintenant un équilibre entre les cours confessionnels et non confessionnels.

3. Les cours de religion ne riment-ils pas avec la diversité culturelle et l’ouverture d’esprit ?

Les cours de religion donnent parfois l’impression qu’une seule croyance importe, et que cela serait enseigné de manière dogmatique.

Cependant, les cours de religion permettent d’aborder les différentes croyances dans une perspective comparative, en soulignant les similitudes et différences entre elles.

Premièrement, cela peut aider les élèves à développer une compréhension plus nuancée et plus respectueuse des différentes croyances et religions, la suppression viendrait donc à limiter la connaissance et faire fi des compétences comparatives.

Deuxièmement, les cours de religion ont un rôle important à jouer en matière de compréhension et d’appréciation des valeurs et traditions culturelles. Si, d’une part, l’augmentation des heures de citoyenneté permet réellement de former des citoyens responsables, symbole même du progrès, d’autre part, la diminution des heures de religion permettrait aux citoyens d’être responsables, mais peu intéressés par ce qui les entoure.

Troisièmement, les cours de religion, c’est aussi l’occasion de discuter sur les questions éthiques et morales. Il est primordial de continuer à encourager les élèves à développer un esprit critique de libre examen en réfléchissant de manière critique sur les valeurs et principes. Comment être un citoyen responsable si l’esprit critique n’est même pas enseigné ?

C’est pourquoi il est primordial pour chaque étudiant, dans l’optique de développer une ouverture d’esprit, de se former non seulement au cours de responsabilisation (cours de citoyenneté), mais en corrélation avec les cours philosophiques (religions et morale).

4. Est-ce une solution idéale pour réduire les couts dans l’enseignement obligatoire ?

La question en elle-même n’a aucun sens : pourquoi viser les cours de religion et de morale pour réduire les couts budgétaires ?

La réduction de couts entraine l’augmentation d’autres couts.

En effet, premièrement, pour rester pragmatique, il ne suffit pas juste de réduire des heures de cours pour réduire des couts, il faut également s’assurer que les cours mis davantage en valeur soient bien préparés avec un taux d’embauche proportionnel aux nombres de matières, mais aussi avec une meilleure organisation de l’emploi du temps. Si l’on réduit les heures de cours de religion, mais les autres heures ne sont pas réorganisées, il faudrait davantage de professeurs pour couvrir les autres matières.

Deuxièmement, cette embauche nécessaire entraine de facto, paradoxalement, une augmentation des prix pour le développement de nouveaux programmes, de nouveaux professeurs, et de nouveaux matériaux pédagogiques.

Enfin, le cabinet a-t-il consulté la population afin d’arriver aux discussions des réductions des heures ? Un bon nombre de parents ne peuvent que s’opposer à de telles mesures, car celles-ci entraineraient aussi l’augmentation des couts indirects pour la société et les élèves qui ne seront plus satisfaits des cours de religion, et qui devront dès lors se tourner vers des organisations religieuses extérieures à l’école pour s’instruire sur leur foi. Ces organisations peuvent avoir des couts supplémentaires pour les familles. De plus, est-il préférable de favoriser les organisations religieuses dont certaines sont répertoriées comme extrémistes plutôt que de maintenir des cours de religions scolaires encadrées ?

5. Est-il possible finalement de mettre en place de telles mesures dans tous les réseaux d’enseignement ?

La question de la diminution ou de la suppression des heures de religion et de morale dans l’enseignement obligatoire en Fédération Wallonie-Bruxelles est complexe, notamment en raison de la structure particulière de l’enseignement en Belgique.

En effet, il existe deux réseaux d’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles : le réseau officiel et le réseau libre.

Le réseau officiel est organisé et financé par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il comprend les écoles communales, provinciales et les établissements d’enseignement libre subventionnés, qui sont financés en partie ou en totalité par la Communauté française. Les établissements du réseau officiel sont tenus de suivre le programme officiel de la Fédération Wallonie-Bruxelles et d’enseigner les cours obligatoires, y compris la religion et la morale.

Le réseau libre, quant à lui, est organisé et financé par des associations, des fondations ou des personnes physiques. Les établissements du réseau libre peuvent être confessionnels ou non confessionnels. Ils bénéficient d’une plus grande autonomie pédagogique et peuvent choisir leur programme d’études, leurs méthodes d’enseignement et leur personnel enseignant. Les établissements du réseau libre peuvent également choisir d’enseigner ou non la religion et la morale.

Les établissements du réseau libre sont subventionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais dans une moindre mesure que les établissements du réseau officiel. Les subventions sont calculées en fonction du nombre d’élèves inscrits et du nombre d’heures d’enseignement dispensées.

Dans le réseau officiel, l’enseignement de la religion et de la morale est obligatoire pour tous les élèves, quelle que soit leur confession. Dans le réseau libre, les établissements ont la possibilité de choisir d’enseigner ou non la religion et la morale.

Ainsi, dans le réseau officiel, la suppression ou la diminution des heures de religion et de morale nécessiterait une réforme législative et réglementaire importante, qui pourrait rencontrer une forte opposition de la part des groupes religieux et des acteurs du monde éducatif.

En conclusion finale, voici un tableau récapitulatif des avantages et inconvénients de la suppression des heures de cours de religions et de morales :

Avantages Inconvénients
Cours d’éducation à la citoyenneté favorisés Contenu actuel très vague, trop axé sur les compétences transversales et pas assez sur l’enseignement des connaissances spécifiques en politique
Garantie d’une neutralité entre les cours philosophiques et de citoyenneté Si l’équilibre n’est pas maintenu, le principe de neutralité ne sera pas respecté.
Moins d’importance aux dogmes, plus d’importance à l’esprit critique Contraire à la compréhension plus nuancée et plus respectueuse des différentes croyances et religions
Réduction des couts Plus grande liberté pédagogique Augmentation d’autres couts MAIS atteinte à la liberté pédagogique et à l’identité pour les établissements du réseau libre

Par conséquent, il est clair que les Jeunes MR sont opposés à la diminution ou suppression des heures de cours de religion et morale. Nous estimons que de réelles mesures doivent être mises en place à long-terme avant de pouvoir envisager des restrictions qui impacteront à long-terme.

Les Jeunes MR appellent donc à un débat équilibré sur cette question afin de trouver une solution qui préserve à la fois le principe de neutralité et le droit à une éducation respectueuse des différentes croyances et religions.

Introduction
·       « La suppression des cours de religion, une fausse bonne idée » — Le Soir, 11 mai 2020.
·       « Les cours de morale remplacés par des cours de citoyenneté : une erreur ? » – RTBF, 14 novembre 2019.
·       « Cours de religion et de morale : comment sont-ils organisés dans l’enseignement obligatoire en Fédération Wallonie-Bruxelles ? » – Enseignement.be, 20 janvier 2020.
·       « La suppression des cours de religion à l’école ? Pas si simple ! » – L’Avenir, 23 février 2021.
·       « Le temps des cours de religion doit-il être réduit à l’école ? » — La Libre Belgique, 16 juin 2020.
 
Argument 1
·       « La Flandre supprime les cours de religion » — Le Soir, 30 janvier 2018.
·       « Pourquoi la Flandre supprime les cours de religion à l’école » – RTL info, 2 février 2018.
·       « Éducation à la philosophie et à la citoyenneté : la nécessaire réflexion sur le contenu » — La Libre Belgique, 5 juin 2019.
·       « Cours de morale et religion : et si on remplaçait par des cours de citoyenneté ? » – RTBF, 21 août 2017.
·       « L’éducation à la citoyenneté, grande absente des programmes scolaires ? » — Le Soir, 6 novembre 2018.
·       « Les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles repensent l’enseignement de la philosophie et de la citoyenneté » – RTBF, 15 janvier 2020.
 
Argument 2
·       Décret du 21 mars 2019. Ce décret définit les principes régissant l’enseignement en Communauté française de Belgique, y compris le principe de neutralité.
·       « L’enseignement de la citoyenneté dans l’enseignement obligatoire : bilan et perspectives », rapport du Conseil supérieur de l’éducation à la Communauté française de Belgique, 2019.
·       « La laïcité en Belgique : entre république des religions et État neutre », article de Brieuc Wathelet et Jonathan Van Esch publié dans la revue « Sociologies », 2019.
·       « Religion et enseignement en Belgique : une question de laïcité », article de Jean-Louis Vanherweghem publié dans la revue « Revue internationale d’éducation de Sèvres », 2014.
 
Argument 3
·       « Les cours de religion permettent une approche nuancée des différentes croyances. » (Le Vif, 2022)
·       « Les cours de religion permettent de mieux comprendre les valeurs et traditions culturelles. » (La Libre, 2021)
·       « Les cours de religion peuvent aider à développer l’esprit critique des élèves. » (L’Echo, 2019)
·       « Les cours de religion favorisent l’apprentissage du respect et de la tolérance envers les autres cultures et religions. » (Le Soir, 2020)
·       « Les cours de religion sont une occasion de discuter de questions éthiques et morales. » (La DH, 2021)
 
Argument 4
·       Benoit, C. (2012). Le cours de religion et de morale à l’école primaire en Belgique francophone. Analyse des perceptions des acteurs scolaires. Revue internationale d’éducation de Sèvres, 60, 105-118.
·       OECD (2019). Education at a Glance 2019: OECD Indicators. OECD Publishing, Paris. https://doi.org/10.1787/f8d7880d-en
 
Argument 5
·       « Le paysage de l’enseignement en Belgique francophone », Enseignement.be, https://www.enseignement.be/index.php?page=26011
·       « L’enseignement en Communauté française de Belgique », Fédération Wallonie-Bruxelles, https://www.federation-wallonie-bruxelles.be/enseignement
·       « L’enseignement libre en Communauté française de Belgique », Fédération Wallonie-Bruxelles, https://www.federation-wallonie-bruxelles.be/enseignement-libre
·       « Réseau officiel et réseau libre : quelles différences ? », Le Soir, https://www.lesoir.be/art/reseau-officiel-et-reseau-libre-quelles-differences_t-20190402-015X7N
·       « Quelles sont les différences entre les écoles du réseau officiel et celles du réseau libre ? », RTBF Info, https://www.rtbf.be/info/dossier/les-gros-mots-de-la-politique/detail_quelles-sont-les-differences-entre-les-ecoles-du-reseau-officiel-et-celles-du-reseau-libre?id=10404227
·       « La place de la religion à l’école en Belgique », RTBF Info, https://www.rtbf.be/info/societe/detail_la-place-de-la-religion-a-l-ecole-en-belgique?id=10246467

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