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SANTÉ/BIEN-ÊTRE DES JEUNES ET ÉCO-ANXIÉTÉ

1.   INTRODUCTION

La crise sanitaire a eu de multiples répercussions sur la santé des Belges notamment sur leur santé mentale. En effet, les différentes périodes de confinement ont exacerbé le mal-être mental de certains groupes de la population (dont les jeunes) avec comme conséquence des services psychiatriques et pédopsychiatriques débordés.

Cette situation au sein des hôpitaux psychiatriques et services de santé mentale, révélée au grand public par la crise sanitaire, était déjà sous tension depuis plusieurs années (manque de places et de personnels dans certaines institutions) malgré les réformes politiques passées visant à réorganiser les soins de santé mentale en Belgique.

De nos jours, les jeunes belges sont confrontés à de nombreux défis, parmi lesquels figurent le bien-être, la santé mentale et l’éco-anxiété. Dans l’avis officiel du Forum des jeunes « L’éducation en question : quelle place pour l’environnement ? », à la question « Quelles sont tes émotions quand tu penses à l’avenir de notre planète ? », 41% des personnes interrogées ressentent de l’éco-anxiété ou de la peur en pensant à l’avenir de notre planète et 35% y pensent régulièrement. Cette charge mentale est, au total, ressentie par 76% des répondants.

Dans notre pays, la problématique du suicide touche toutes les couches sociales de la société, peu importe le genre, l’âge et la couleur de peau. Nous sommes donc tous concernés par cette thématique qui touche d’autant plus fort certains groupes d’individus.

2.   POURQUOI CELA TOUCHE LES JEUNES ?

Parmi les publics fragilisés par la pandémie, nous retrouvons les enfants et les jeunes qui, à des moments récurrents, ont vu leur vie sociale chamboulée par diverses règles sanitaires. En effet, ce sont surtout l’école, les lieux de sports intérieurs et extérieurs ainsi que les lieux d’activités qui ont leur ont été difficiles d’accès voire complètement fermés à plusieurs reprises. Pourtant, avoir une vie sociale est nécessaire pour leur assurer un développement psychologique positif et sécure.

Lors de la crise sanitaire, la question du suicide chez les jeunes était un sujet important. Et elle l’est encore plus pour toutes celles et tous ceux qui avaient déjà une santé mentale fragile avant la pandémie et qui ne pouvaient trouver du soutien au sein de leur foyer et de leur réseau de proches. Avoir accès à de l’aide et des professionnels de la santé mentale était donc une question cruciale pour leur bien-être.

Il n’existe pas de plan global de lutte contre le suicide. Chaque Région est libre et responsable d’en mettre un en place si les autorités politiques l’estiment nécessaire.

Les chiffres relatant du suicide en Belgique sont extrêmement préoccupants et témoignent d’une réalité complexe. Selon l’ASBL “Un Pass dans l’Impasse”, en 2018, 1.782 Belges (dont 1277 hommes et 505 femmes) se sont donné la mort. Il y a des variations en fonction de l’âge et du sexe. Pour 2018, un pic a été atteint (68,44 par 100.000 habitants) concernant les hommes de 85 ans et plus. Mais proportionnellement à la population, le taux est au plus haut chez les 45-54ans. Le taux est de 16,64 par 100.000 habitants chez les femmes et de 35,46 par 100.000 habitants chez les hommes. En 2019, il y avait 18,3 décès à cause du suicide par 100.000 habitants.

Plus précisément en Wallonie, le taux de décès par suicide par 100.000 habitants (moyenne de 2014 -2018 : 44,94 pour les hommes de 45-54 ans) est bien plus élevé qu’en Flandre (32,45 pour les hommes de45-54 ans) et à Bruxelles (24,10 pour les hommes de45-54 ans). De ce fait, cette disparité régionale ne doit pas être ignorée.

C’est donc près de 5 suicides par jour en Belgique et le suicide est la première cause de décès chez les 15-44 ans, surtout chez les 15-24 ans.

Et cela s’est aggravé avec la crise sanitaire. Pendant la crise du COVID-19, les pensées suicidaires et les tentatives de suicide ont augmenté dans la population. Un jeune sur 4 (âgé de 18-29 ans) a déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide au cours des 12 derniers mois.

Comparée aux autres pays européens, la Belgique est à la traîne. En effet, en comparaison à la moyenne de 15 pays européens (15 décès par suicide pour 100.000 habitants), notre pays a le plus haut taux de suicide (23 décès par suicide pour 100.000 habitants), que ce soit pour les hommes (1,5 fois plus élevé) ou les femmes (1,8 fois plus élevé).

L’apparition de nouvelles technologies et des réseaux sociaux, ont entraîné une hausse du harcèlement et renforce donc ces statistiques.

Les médias, eux, de par leur rôle de diffusion d’informations à un large public, ont un rôle important à jouer.
En effet, selon des données empiriques, il apparaît que certaines caractéristiques du traitement médiatique des histoires de suicide augmentent le risque de suicide dans la population (ex : de manière dramatique, sensationnelle, ou romantique). Malheureusement, il n’existe aucun cadre législatif contraignant les rédactions médiatiques à tenir compte des recommandations existantes pour parler déontologiquement du suicide. Pourtant, bien communiquer sur le sujet contribue aussi à la prévention du suicide.

La récolte de données concernant les décès par suicide est encore fastidieuse et l’analyse qui en résulte prend donc du temps. Pourtant, avoir accès à ces informations est crucial pour mieux comprendre l’évolution du suicide au sein de notre société.

Concernant l’éco-anxiété, plusieurs facteurs entrent en compte également :

Sensibilité accrue : les jeunes sont souvent plus sensibles aux enjeux environnementaux et sont conscients des conséquences futures du changement climatique. Ils sont confrontés à la perspective d’un avenir incertain et ressentent une pression croissante pour agir.

Influence des médias sociaux : les jeunes sont constamment exposés à des informations sur les défis environnementaux via les médias sociaux. Cette exposition excessive peut amplifier leur anxiété et leur inquiétude face à l’état de la planète.

Manque de contrôle : les jeunes se sentent souvent impuissants face à la crise climatique et se demandent comment ils peuvent faire une réelle différence. Cette impuissance peut contribuer à leur anxiété et à leur détresse émotionnelle.

Suite à ce constat, il faut donc agir.

3.   CONCLUSIONS

La combinaison du bien-être mental et de l’éco-anxiété représente un défi important pour les jeunes belges. En fournissant une éducation adéquate, des outils pour agir et un soutien émotionnel, nous pouvons aider ces jeunes à cultiver leur bien-être mental tout en les encourageant à devenir des acteurs du changement.

4.   PISTES DE SOLUTIONS

Concernant le suicide chez les jeunes :

  • La mise en place d’un plan global de lutte contre le suicide financé par le budget nécessaire.
    Ce plan devrait tenir compte des réalités régionales du suicide dans chaque Région en Belgique francophone et réunir tous les acteurs concernés autour de la table ;
  • Ce plan de lutte devrait promouvoir la santé mentale auprès du public général ainsi
    qu’auprès des groupes plus fragilisés, dont les jeunes, les personnes LGBTQI + et les
    personnes âgées.
  • Cette promotion de la santé mentale devrait se réaliser au travers de campagnes
    ponctuelles largement diffusées dans les différents médias (presse écrite et audiovisuelle).
  • Ce plan de lutte devrait renseigner sur les lieux de soutien et d’accompagnement à
    la santé mentale, à la fois auprès du public général ainsi qu’auprès des groupes plus
    fragilisés dont les jeunes et les personnes âgées.
  • Une évaluation des besoins en termes de bien-être psychique au sein de chaque
    province afin d’assurer une couverture optimale par des services d’aide et de prise en
    charge de la santé mentale.
  • La mise en place d’un cadre législatif sensibilisant les rédactions de médias diffusant des informations
    relatives à la santé et au bien-être (que ce soit en presse écrite ou audiovisuelle)
    à former en leur sein une personne de référence sur les pratiques déontologiques pour parler du suicide ;
  • Un accès simplifié aux données statistiques permettant d’interpréter plus facilement l’évolution du suicide dans notre pays.

Concernant l’éco-anxiété :

  • Éducation et sensibilisation : Il est essentiel de fournir aux jeunes des informations précises et équilibrées sur les enjeux environnementaux. Une éducation sur le changement climatique et les solutions possibles permettront de réduire leur anxiété et de les encourager à agir de manière constructive.
  • Encourager l’action individuelle et collective : il est important d’inciter les jeunes à prendre des mesures concrètes pour protéger l’environnement. Leur donner des outils et des ressources pour agir, même à petite échelle, leur permettra de se sentir plus impliqués et utiles.
  • Renforcer le soutien social : encourager la communication ouverte et bienveillante au sein des communautés et des familles peut aider les jeunes à exprimer leurs préoccupations et à trouver du soutien auprès de leurs pairs et de leurs proches.

Sources :

https://forumdesjeunes.be/wp-content/uploads/2023/01/Avis-Education-a-lEnvironnement-Forum-des-Jeunes.pdf
https://www.belgiqueenbonnesante.be/fr/etat-de-sante/sante-mentale/comportements-suicidaires

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