Pour cette première carte blanche du GT Environnement, climat et agriculture, nous allons commencer dans la merde. La biométhanisation est un processus de production de biogaz à partir de la décomposition de matières organiques. Elle représente une source d’énergie qui pourrait, tout comme les énergies renouvelables, soutenir le nucléaire dans notre mix énergétique, tout en offrant une solution à nos problèmes de gestion des déchets organiques. Cette technologie, bien que discrète, mérite une attention particulière en Belgique, où nous produisons beaucoup de déchets, par notre activité agricole et notre consommation.
Nous DEVONS réduire nos émissions de gaz à effets de serre. Pas seulement car nous nous y sommes engagés avec nos partenaires internationaux, mais car il s’agit d’une question de bon sens et de survie. On ne reviendra pas là-dessus. Il nous faut donc des solutions écologiques pour diversifier notre mix énergétique. La biométhanisation se distingue comme une solution possible, qui nous permet de faire d’une pierre, deux coups en transformant les déchets organiques en biogaz. D’une part, elle permet de valoriser des déchets autrement destinés aux décharges, réduisant ainsi leur impact environnemental. D’autre part, elle génère une source d’énergie renouvelable, le biométhane, qui peut être utilisée à diverses fins, notamment pour la production d’électricité et de chaleur.
En tant que producteurs importants de déchets organiques provenant de l’agriculture, de l’industrie alimentaire et des ménages, nous disposons d’une matière première abondante pour la biométhanisation. Ces déchets organiques, souvent jetés dans la poubelle blanche car c’est tellement plus pratique que d’avoir un sac orange en plus (les rédacteurs ne jettent pas la pierre, ils le font aussi parfois), peuvent devenir une ressource précieuse dans la transition vers une économie circulaire. Les installations de biométhanisation, réparties stratégiquement à travers le pays, pourraient jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de méthane provenant des décharges et contribuer à l’atteinte de nos objectifs de neutralité carbone.
Par ailleurs, la biométhanisation favorise la création d’emplois locaux (objectif 80% d’ici 2030), dont les revenus tirés seront réinjectés dans l’économie et stimuleront la consommation, augmente le PIB puisque c’est du développement d’infrastructures, renforce notre sécurité énergétique en diversifiant nos sources d’approvisionnements (l’Allemagne a été la plus mauvaise économie des grandes puissances l’année dernière, entre autres à cause de leur dépendance au gaz russe dont les vannes ont été coupées), et offre des bénéfices agronomiques en produisant des digestats riches en nutriments, qui peuvent être utilisés comme fertilisants. Le développement de cette filière en Belgique représente donc une opportunité économique, sociale, environnementale et stratégique.
Cependant, pour que la biométhanisation atteigne son plein potentiel en Belgique, des efforts supplémentaires sont nécessaires. Cela inclut la mise en place de réglementations favorables, une incitation financière pour les investissements dans les infrastructures de biométhanisation, et la sensibilisation du public sur les avantages environnementaux de cette technologie. Nous devons collaborer étroitement avec les acteurs privés du secteur énergétique pour créer un environnement propice au développement de la biométhanisation.
L’énergie n’a pas d’odeur, mais elle peut certainement contribuer à rendre l’avenir de la Belgique plus durable. La biométhanisation nous permet un avenir où les déchets deviennent des ressources et où la Belgique peut devenir pionnière de la transition énergétique en Europe. Encourageons ensemble le développement de la biométhanisation, car l’énergie propre et durable ne laisse pas d’odeur, mais elle laisse une empreinte positive sur l’avenir de notre planète.
Ne jetez plus ! Méthanisez !
Louis-Suliac RUFFIER D’EPENOUX
Délégué Développement durable,
environnement, agriculture, bien-être animal,
ruralité, énergie & climat
