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Quelles limites à la libéralisation de la vente en ligne des médicaments ?

Dans le monde du commerce de médicaments, la concurrence se veut de plus en plus forte entre les différents acteurs du marché. L’e-commerce des médicaments OTC (sans prescription) est en pleine expansion et forcément cela peut créer des tensions entre d’une part les professionnels (indépendants) exerçant en pharmacie traditionnelle et d’autre part des investisseurs du discount de la santé online. Bien sûr chacun a ses arguments pour défendre son activité. Quand les premiers revendiquent le conseil/service personnalisé et la vigilance, le service de proximité et la connaissance de leur patient, les seconds prônent un large éventail de choix à prix réduits avec un système de livraison rapide.

Le médicament, même si celui-ci est vendu sans prescription, n’est pas un bien de consommation comme un autre. C’est en effet la définition même du médicament, il apporte des effets thérapeutiques mais aussi des effets nocifs et possède des interactions et contre-indications qui lui sont propres.

Sous prétexte d’une libre concurrence et des libertés communautaires, faut-il banaliser l’usage de ces OTC et compléments alimentaires, et dans une certaine mesure nier le rôle des professionnels au profit de considérations principalement économiques ?

Il ne faut pas perdre de vue les dérives d’un système trop permissif qui nuirait non seulement à la santé publique mais aussi aux professionnels du secteur et donc à de nombreux emplois.

Evidemment des balises à ce commerce digital ont été posées par l’état, un cadre réglementaire existe comme par exemple que la vente soit liée à une pharmacie physique et donc à un pharmacien responsable de celle-ci. Également certains sites en ligne mettent en place des précautions d’usage dans certains cas (posologie, notice, contrôle post-commande…).

Mais les promotions à outrance, la publicité en ligne à l’excès, et les livraisons ultra-rapides incitent à la surconsommation, ce qui ne sensibilise pas la population au mésusage des médicaments et n’en permet pas un usage rationnel. Pourtant les risques et les problèmes liés à cette vente ne sont plus à démontrer, comme différentes émissions TV et divers articles de presse ont déjà pu l’aborder. Les nombreuses livraisons ne sont pas sans impact non plus sur le climat.

L’avenir semble incertain, en effet ne verrons-nous pas un jour, comme aux USA, les médicaments sous prescription vendus sur internet via les ordonnances électroniques par exemple, comme certains acteurs de l’e-commerce le souhaitent.

La dynamique du marché est donc en évolution et nécessitera une attention particulière de la part du monde politique. De nouvelles mesures de protection des consommateurs, une législation renforcée pour certains médicaments devront sans doute être envisagées afin de garantir une qualité de service pour les citoyens et éviter au maximum les risques pour la santé publique.

Références :

  1. « La pharmacie en ligne pousse l’officine classique à se dépoussiérer » 2018, « Les médicaments sous prescription pourraient aussi être vendus en ligne » 2018, Julien Bosseler, journaliste au pôle Société, LE SOIR.
  2. « Etats-Unis : Amazon vend désormais des médicaments sur ordonnance en ligne » 2020, Marine Laugénie, journaliste, France Bleu.
  3. https://bx1.be/categories/news/explosion-de-vente-ligne-de-medicaments-faut-encadrement-demande-lassociation-pharmaceutique-belge/
  4. https://www.afmps.be/fr/humain/medicaments/medicaments/distribution/pharmacies_ouvertes_au_public/Site_Internet_d_une_pharmacie


Arnaud PETITJEAN
Pour le GT Santé

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