L’élection présidentielle de 2024 pourrait marquer une étape décisive pour les États-Unis avec Kamala Harris, actuelle vice-présidente, qui pourrait devenir la première femme à accéder à la Maison-Blanche. Si elle y parvient, ce sera une victoire historique dans la lutte pour l’égalité des genres. Toutefois, cette élection s’inscrit dans un contexte complexe, où le chemin des femmes (américaines) vers le sommet de l’État semble plus ardu qu’il ne l’est pour leurs homologues masculins.
En 2016, Hillary Clinton avait déjà brisé ce plafond de verre symbolique en remportant le vote populaire contre Donald Trump. Elle avait récolté trois millions de voix de plus que son adversaire, mais le système des grands électeurs, typique du système électoral américain, avait permis à Donald Trump de s’imposer. Cet épisode a démontré que même lorsqu’une femme atteint les plus hautes sphères, des obstacles structurels persistent, compliquant l’accès à la présidence.
Kamala Harris se trouve aujourd’hui à un carrefour similaire. Son ascension à la vice-présidence est le résultat de plusieurs décennies de carrière politique marquée par des défis importants. Contrairement à la perception parfois simplifiée, Harris, tout comme Hillary Clinton avant elle, n’a pas atteint ces positions uniquement en tant qu’ancienne First Lady ou actuelle vice-présidente. Leur parcours respectif prouve que l’accès des femmes au sommet est plus complexe et demande souvent des efforts considérables pour franchir des barrières invisibles mais bien présentes.
Il est notable qu’une figure comme Michelle Obama, très populaire et respectée en tant qu’ancienne First Lady, n’a pas fait le choix de poursuivre une carrière politique, malgré son influence. Cette situation illustre un autre enjeu majeur : au lieu de promouvoir de nouvelles figures féminines fortes, la politique américaine semble encore souvent s’appuyer sur des dynamiques établies, qu’il s’agisse d’épouses d’anciens présidents ou de femmes occupant des postes subordonnés avant de gravir les échelons. Cela démontre à quel point les femmes doivent encore franchir des étapes spécifiques et surmonter des obstacles que leurs homologues masculins n’ont pas nécessairement à affronter.
La « prophétie » de Gerald Ford, ancien président des États-Unis, résonne particulièrement dans ce contexte. En 1989, Ford avait prédit que si une femme accédait à la présidence, ce serait probablement à la suite d’un événement imprévu, comme la succession après la mort ou l’incapacité d’un président en exercice. Cette prédiction révèle un certain scepticisme face à l’idée qu’une femme puisse accéder au plus haut poste par la voie traditionnelle. Bien que Harris soit en lice pour briser cette prophétie en accédant à la présidence via une élection directe, il est clair que les attentes à son égard sont teintées d’une réalité politique complexe, où le chemin pour les femmes reste semé d’embûches.
La campagne de 2024 pourrait marquer un tournant décisif. Harris, avec son expérience de procureure générale de Californie, de sénatrice et de vice-présidente, a montré qu’elle est prête à assumer les plus hautes responsabilités. Mais elle devra surmonter des critiques sur sa capacité à diriger un pays divisé, tout en continuant de faire face à une polarisation politique extrême. Si elle réussit, cela signifiera bien plus qu’une victoire personnelle : ce sera un signal fort pour les femmes, les minorités, et tous ceux qui aspirent à une société plus équitable.
Cependant, au-delà de l’élection de Kamala Harris, le véritable enjeu est la manière dont la société américaine évoluera pour favoriser une égalité des chances plus systémique. Tant que les femmes ne seront pas pleinement encouragées et soutenues dès le début de leur carrière politique, il sera difficile d’atteindre une véritable parité au sommet de l’État américain.
Ainsi, l’élection de 2024 est bien plus qu’une simple compétition politique. Elle représente l’espoir de voir enfin le plafond de verre brisé. Kamala Harris peut-elle accomplir ce que Hillary Clinton avait entamé en 2016 ? Réponse dans les urnes. Mais une chose est certaine : pour que ce plafond ne se reforme pas, les États-Unis devront engager des changements profonds au-delà du simple acte électoral.