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Accord avec le Mercosur : Un pas en avant, deux pas en arrière…

par tie biais d’ac)vités ludiques et d’ac)ons de sensibilisa)on. RTBF. CeJe dernière proposera une émission spéciale tournée dans une école par)cipante.

Tout d’abord Mercosur, c’est quoi ? Le Mercosur, c’est le « marché commun du Sud »(Mercado Comun del Sur). Un espace de libre circulation des biens et des services entre 5 pays d’Amérique Latine à savoir, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie. En 2019, l’Union Européenne annonçait un traité UE-Mercosur mais il n’avait finalement pas été appliqué… Aujourd’hui la perspective d’un accord final se rapproche. Quelles sont les conséquences ?

Quasiment un an jour pour jour après le dernier mouvement agricole, les agriculteurs se mobilisent une fois de plus et défendent leur survie. Tous les commentateurs et experts en politique européenne s’accordent à dire que l’accord de libre-échange avec le Mercosur sera signé dans les jours à venir, et la France ne parvient pas à constituer une minorité de blocage.

Au nom de l’industrie automobile allemande, considérée comme essentielle, l’Europe compromet la situation de ses agriculteurs et met en péril non seulement un secteur clé, mais également, bien que cela soit difficile à admettre, sa politique sanitaire, sa politique sociale, son autonomie stratégique ainsi que sa politique environnementale.

Alors que notre agriculture est déjà fortement éprouvée, il lui est demandé de se mesurer à un marché qui n’est pas seulement moins compétitif, mais qui ne respecte pas les mêmes règles du jeu ! Nos agriculteurs doivent jouer au football avec une seule jambe tandis que leurs concurrents pratiquent le rugby. Comment peut-on envisager le déroulement de cette confrontation ?

La Belgique s’opposera au traité en l’absence de clauses miroirs dans l’accord, mais cela ne suffira pas. Comment garantir que ces clauses seront respectées lorsque ni la Commission ni le Mercosur ne manifestent la volonté d’en assurer l’application ? Une part significative des pesticides nocifs et illégaux utilisés en Amérique du Sud provient d’Europe, ce qui constitue un enjeu majeur lié à ces clauses. Celles-ci risqueraient alors de contredire les intérêts des industriels producteurs, qui, selon la Commission, priment sur ceux des agriculteurs. Par ailleurs, de nombreux experts soulignent qu’en ce qui concerne les produits alimentaires tels que les viandes, pour lesquels l’utilisation d’hormones et d’antibiotiques est prohibée en Europe mais autorisée en Amérique du Sud, il n’existe aucune traçabilité depuis la naissance jusqu’à l’abattage.

Cet accord entraînera une augmentation de la production en Amérique du Sud. Cependant, pour y faire face, les giga élevages auront besoin de davantage d’espace, ainsi que de matières premières, tout comme les producteurs céréaliers. Mais que se passe-t-il en Amérique du Sud lorsqu’un besoin accru d’espace se fait sentir ? On procède à des abattages, on incinère, on défriche, et l’on engage une accélération sans précédent et inégalée de la déforestation.

Nous devenons ainsi complices de ce désastre écologique. Ce désastre est d’autant plus tragique que le nouveau président américain a prévu de retirer son pays des accords de Paris probablement dès janvier prochain. Comment peut-on alors exiger davantage d’efforts en matière de sobriété environnementale de la part de la population et des producteurs européens alors que nous avons porté atteinte à l’équilibre environnemental au niveau mondial pour permettre la vente accrue de véhicules tels que la VW Golf ?

Ursula Von Der Leyen a affirmé qu’au cours de ces négociations, « le diable réside dans les détails ». Non, le véritable problème réside dans l’accord lui-même !


Louis-Suliac RUFFIER D’EPENOUX
Délégué Développement durable, environnement, agriculture, bien-être animal, ruralité, énergie & climat

 

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