Cela fait un moment maintenant qu’on nous en parle, elle pointe discrètement le bout de son nez… Avec son entrée en vigueur, toute une série de modifications va arriver. Nous parlons bien évidemment de la réforme des rythmes scolaires.
Pour rappel, cette réforme va modifier le calendrier scolaire de l’enseignement obligatoire en Fédération Wallonie- Bruxelles (notez bien tous ces mots, nous y reviendrons). Les élèves assisteront donc aux cours pendant sept semaines, avant d’être en congé pendant deux semaines pour recommencer un nouveau cycle. Cette proposition de décret, défendu par Caroline Désir, a le mérite – selon nous – de modifier le paradigme qui entoure l’enseignement.
Un contexte historique
Pour comprendre comment les congés scolaires fonctionnent actuellement, il nous semble utile de faire un petit retour en histoire. On ne s’en souvient pas toujours, mais l’enseignement a été rendu obligatoire, en Belgique, en 1914 par la loi Poullet. Cette loi marque l’aboutissement d’un projet qui date de 1883 déposé par Pierre Van Humbeek. Celui-ci voulait obliger les enfants de moins de treize ans à se rendre à l’école dans le but de les protéger du travail qu’on leur imposait jusque là1.
Ce n’est que trente-et-un ans plus tard que la Belgique impose l’instruction à tous les jeunes, issus de toutes les classes sociales. Cependant, certains ne pouvaient passer à côté de quelques moments clés de la vie rurale. Par exemple, les enfants d’agriculteurs devaient participer aux moissons pour aider leurs parents. L’ensemble des congés étaient donc programmés en fonction du calendrier religieux ou agricole.
Le bien-être des élèves au cœur des préoccupations
Avec cette réforme, on retire l’aspect économique régulateur pour mettre en avant le bien-être des enfants. Le rythme proposé permettra en effet une meilleure productivité chez les élèves. Ils auront des périodes de cours fixes précédées par deux semaines de congés qui leur permettront de se détendre, se ressourcer mais surtout profiter. Certains enseignants expérimentés que nous avons rencontrés insistent : il n’y a généralement qu’après les vacances de printemps² que les élèves reviennent en pleine forme et motivés. En effet, si une semaine ne permet pas de récupérer correctement, quinze jours permettent de trouver un rythme plus serein. Souvenons- nous de nos semaines de congés et soyons honnêtes… il était rare qu’un congé soit très reposant. Deux semaines permettent d’étaler les différentes phases pour y insérer des temps de repos suffisants.
D’un point de vue pédagogique, il est également préférable de suivre sept semaines de cours. Cela permet de commencer en douceur, d’atteindre un rythme de croisière et de ralentir avant la fin de la période. Si nous prenons l’exemple de l’année en cours, seules quatre semaines séparent le congé de détente3 et les vacances de printemps. C’est très peu lorsqu’on compare le temps qu’il reste entre le dernier congé et la fin du mois de juin à savoir onze semaines…
Tous ces arguments nous poussent donc à être en faveur de cette réforme, cependant…
Comme une grande partie de la population bruxelloise, nous regrettons que de telles mesures n’aient pas été prises en collaboration avec les autres communautés. Nul doute que les familles où une partie de la fratrie est inscrite dans l’enseignement organisé en FWB et l’autre en communauté flamande vont rencontrer des difficultés lorsqu’il sera question d’organiser des moments de congés, des plaines ou des camps. Notons que ces mêmes difficultés seront rencontrées chez les germanophones, car seule la FWB a décidé – au moment où ces lignes sont écrites – de proposer ce projet dès l’année prochaine.
Nous regrettons également qu’une telle décision ne concerne que l’enseignement obligatoire, en effet dans l’enseignement supérieur il semblerait également intéressant de revoir les rythmes, c’est d’ailleurs la position que nous défendions devant Valérie Glatigny lorsque nous l’avons rencontré. Évidemment un tel projet nécessite beaucoup de travail en amont et de longues discussions, il est parfois préférable de prendre un peu plus de temps plutôt que d’accélérer les processus.
En définitive, nous pensons que la réforme est une bonne chose, mais nous ne sommes pas opposés à ce qu’elle soit postposée à un moment où un accord entre les trois communautés pourra avoir été conclu de sorte à simplifier la vie d’un bon nombre de personnes.
Nathan Eynatten
Délégué Jeunesse, enseignement, formation & vie étudiante
1. Gubin Eliane, Lefèvre Patrick. Obligation scolaire et société en Belgique au XIXe siècle. Réflexions à propos du premier projet de loi sur l’enseignement obligatoire (1883). In: Revue belge de philologie et d’histoire, tome 63, fasc. 2, 1985. Histoire médiévale, moderne et contemporaine — Middeleeuwse, moderne en hedendaagse geschiedenis. pp. 324-376.
2. Anciennement appelées « vacances de Pâques »
3. Anciennement appelé « congé de Carnaval »